6ème mission : Douce nuit

Kaléidoscope avait un peu peur. Elle faisait les cent pas devant la grande porte à double battant qui était pour le moment close. Elle jeta un oeil au hall du palais. Tout le monde les fixait, elle et Kafei. Après qu'elle eut lancé un regard glacial aux servants -non, excusez-moi, aux esclaves de la reine de Suhaj-, ils se reconcentrèrent sur leurs tâches ménagères. Kaléidoscope secoua un peu Kafei.

Kaléidoscope : C'est vraiment trop étrange, ce rendez-vous de nuit ! On devrait fuir tant qu'il est encore temps !

Alors qu'elle lui lançait un regard suppliant, un garçon s'avança, habillé comme un majordome. Normal : c'en était un.

Majordome : Vous êtes très certainement Mademoiselle "La fille aux cheveux longs violets" et Monsieur "Le garçon qui a été soigné à l'infirmerie il y a peu de temps". Ravi de faire vôtre connaissance. Je suis Horace, le majordome de Mademoiselle Fae, Reine Suprême de Suhaj.

Kaléidoscope l'examina de la tête aux pieds. Il devait avoir leur âge ! Mais cette façon de parler le vieillissait d'au moins dix ans... Elle relâcha Kafei et son regard redevint froid.

Kaléidoscope : Et alors ?
Majordome : Je suis ici pour vous souhaiter la bienvenue, et vous conduire aux appartements de Sa Majesté. Depuis qu'elle a eu un acident, la Reine reste au lit et préfère ne pas trop bouger. Je ne sais ce qu'il lui est arrivé, mais les brûlures qu'elle a sont loin d'être normales si vous voulez mon avis...

Kaléidoscope soupira, et quand le garçon lui tendit la main, elle recula et passa derrière Kafei.

Kaléidoscope : Bon, vous nous montrez le chemin, point final.

Le majordome ne lui fit pas remarquer qu'à cet instant, l'ordre connait exactement comme ceux lancés par sa bien aimée Reine...

[Mission qui sera considérée comme ouverte à la moindre réponse]

Kafei : "Héla, pourquoi Kaléidoscope se met-elle derrière moi ? J'ai déjà été en première ligne pour me faire tirer dessus..."

L'Ange se sentit très peu à l'aise depuis que la Reine Cléo leur a donné rendez-vous. D'abord parce qu'elle les a sauvé au prix d'un sacrifice très cher, ensuite parce que la son caractère rend imprévisible sa requête. Il s'était déjà imaginer nettoyer toutes les routes de la ville avec une brosse à dents. Enfin, et surtout, il lui avait promit qu'il remplirait une requête personnellement. Quoiqu'elle dise, il ne pourra pas refuser.

Kafei : Nous allons vous suivre, si vous voulez bien nous montrer le chemin...

Il se prit la peine de rajouter à Kaléidoscope en murmurant :

Kafei : Ne sois pas si désagréable avec lui, c'est qu'un employé de la Reine...

Le majordome s'inclina et les guida jusqu'au troisième étage et s'arrêta face à une porte blanche, dont les battants étaient décorés de gravures en or.

Majordome : La chambre de Sa Majesté. Elle vous y attend.

Il s'en alla. Kaléidoscope, qui était restée le plus loin possible de lui, soupira de soulagement.

Kaléidoscope : Bon, prêt ? Moi, je parie sur une corvée, du genre... la servir pendant un mois ! Et toi ?

Kafei : Moi c'est quelque chose qui durerait plusieurs mois et dont je préfère ne pas en parler, par superstition...

La ville était grande, et si à chaque fois les piétons resalissaient les routes... cela deviendrait comme le supplice de Sisyphe, poussant son rocher tout en haut de la colline et qui la dévalait de nouveau en descendant ! Et cela même à deux. A supposer que Kaléidoscope accepter de le faire aussi.

Kafei : Prions pour sa clémence, la nuit elle n'est pas pareille que le jour à ce que j'ai pu observer... Bon on y va.

Sur ce, il se dirigea vers la grande porte. Il grimaça tant le luxe lui déplaisait, et c'est du bout des doigts qu'il ouvrit la porte.

Cléo Fae était calmement assise dans son lit. Elle avait prit son bain, ses cheveux étaient bien coiffés. Pour dormir, elle ne prenait pas la peine de faire deux anglaises. Du coup, elle avait simplement deux mèches ondulées plus longues que le reste de ses cheveux.
Une grande fenêtre laissait passer les rayons de la Lune, qu'elle regardait depuis la chambre. Elle avait en main une photo encadrée. Cette photo, elle la contemplait chaque soir avant de s'endormir. Elle jeta un oeil à son horloge : ses invités, s'ils ne lui avaient pas fait faux bond, ne devraient plus tarder...
Elle entendit des bruits de pas et fut prise d'une légère panique. Elle cacha la photo sous son oreiller, réfléchit à quelle pose impériale prendre... Elle croisa les bras, les décroisa, leva le menton, s'allongea, s'allongea de côté, mais eu terriblement mal à son bras à cause des brûlures... Elle pinça les lèvres, leva les yeux aux plafond tellement elle avait honte d'elle, pour ne pas avoir d'idées pour paraître supérieure et...se mit à crier. Elle sauta sur la chaise à bascule, près du lit, juste au moment où la porte s'ouvrait.

Cléo : Ca ne compte pas comme une demande de service, mais écrasez cette araignée !

Elle pointa du doigt une pauvre araignée qui descendait le long de son fil pour se poser sur le lit à baldaquin. La jeune reine tremblait comme une feuille et serrait la chaise de bois, qui se balançait doucement.

Kafei fut abasourdi du spectacle : la toute puissante et orgueilleuse reine Cléo Fae avait peur d'une araignée ! Pire, elle n'osait même pas s'en approcher pour aller l'écraser ! Lui se dirigea vers le lit et prit ses deux chaussures pour... écraser l'araignée sans faire de taches sur le lit.

Kafei : *Ben oui, c'est pas parce que je suis un Ange que je suis obligé d'aimer ces trucs aussi...*

Vérifiant en levant la tête qu'il s'agissait de la seule membre qui se promène dans les environs, il se tourna ensuite vers Cléo.

Kafei : C'est bon, il n'en reste plus rien, vous pouvez revenir.

Cléo quitta doucement la chaise à bascule, consciente de s'être couverte de ridicule. Pendant un moment, elle fixa Kafei d'un air gêné, sans oser le regarder droit dans les yeux. Elle jouait avec ses doigts, cherchant quelque chose à dire pour sa défense. Puis, elle leva la tête, reprit son air supérieur habituel, remonta sur son lit, et s'y assit, adossée à son oreiller bien moelleux. Son regard se posa alors que Kaléidoscope, qui réprimait un sourire, toujours à la porte de la chambre.

Cléo : Fermez cette porte à double tour et prenez place...

Elle fit un tour d'horizon de la pièce...

Cléo : Sur...vous pouvez utiliser ma chaise à bascule ou le fauteuil de mon bureau. Je vous demanderai que cette réunion privée reste entre nous, que rien n'en sorte et surtout qu'on ne parle pas trop fort car mes servante aiment parfois écouter à TRAVERS LES PORTES !

Des bruits de pas se firent entendre : deux femmes descendaient en hâte les escaliers en chuchottant. Kaléidoscope ferma la porte.

Cléo : Merci d'être venus. L'un de vous a-t-il une idée quant au service que je vais vous demander ?

Kaléidoscope s'assis dans la chaise à bascule : si elle s'ennuyait, elle pourrait toujours s'amuser avec...

Kafei jeta un coup d'oeil vers Kaléidoscope en se rappelant ce qu'ils s'étaient dit juste avant. Son regard en disait long, il lui disait qu'il ne valait mieux pas lui donner d'autres idées que celle qu'elle a déjà choisi. Et de toutes façons, s'ils se trompaient, cela aurait peut être été une nouvelle occasion pour les ridiculiser.

Kafei : Nous ne savons pas trop... mais nous ferons de notre mieux pour vous aider, soyez en rassurée.

Il avait hésité un moment à sortir "vous débarrasser de toutes les araignées du palais ?" mais cela l'aurait sûrement mise de mauvaise humeur...

Cléo fit le vide en elle. Comment annoncer ça à des étrangers ? Mais ils étaient les seuls à pouvoir le faire ! Elle ne voulait pas attirer les soupçons et surtout, ils semblaient voyager, alors c'était la situation idéale !

Cléo : Tout d'abord, je tiens à rappeler le sacrifice que j'ai fait pour vous sortir du livre dans lequel VOUS nous avez fait rentrer...

Elle adressa un sourire narquois à Kaléidoscope qui la fusilla du regard.

Cléo : Chacun de vous a donc une dette envers moi.

Puis, elle parla uniquement à Kafei.

Cléo : Votre dette personnelle pour les soins portés à votre blessures, je la garderai pour plus tard~ On ne sait jamais, on a tous besoin d'une chochotte à un moment de sa vie...

Elle quitta son lit et se dirigea vers la fenêtre. Elle leva les yeux vers la Lune, et sentit une vague de courage monter en elle.

Cléo : Ce que j'aimerais vous demander...c'est de retrouver mon... mon...

Le courage ne suffisait pas apparement... Elle réfléchit, et une idée simple lui traversa l'esprit. Elle alla se poster devant Kafei et posa doucement sa main sur sa poitrine, au niveau du coeur.

Cléo : Ca.

L'Ange blêmit. Il devait mal comprendre sûrement, parce que ce n'était pas possible.

Kafei : M-Majesté... vous me demandez de retrouver votre coeur... ? Nous n'aurions jamais cru...

Il déglutit péniblement. Petit à petit, des tas de questions viennent se rajouter aux premières qu'il s'était posé.

Kafei : Mais ce n'est pas possible ! Vous ne pouvez pas vivre sans, ni personne d'ailleurs ! Comment avez vous fait pour le perdre ?! Pour rester en vie ?! Comment le retrouver ?! Pourquoi nous ?! Le médecin le plus réputé ne peut vous le... recoudre au corps !

Aussi avancé que soient certaines parties de Pacifis, le concept de greffe d'organes, bien que marchant en théorie, n'a jamais été essayé en pratique...

Voilà, elle l'avait craint. Les questions... Il commençait à parler un peu fort d'ailleurs. Aussi posa-t-ellle un doigt sur les lèvre de Kafei et réfléchit aux questions pour y répondre.

Cléo : Alors... Si, c'est possible. Je n'ai pas perdu l'organe, mais plus le côté sentiment et magie... mon âme en quelque sorte. Je ne ressens plus rien, ou presque. C'est de pire en pire. Comment... euh... c'est de la faute d'un Ange, qui a...

Par où commencer ? Elle s'assit sur le bord de son lit, poussa un soupire et passa une main dans ses cheveux.

Cléo : Vous êtes près à écouter une longue histoire ?
Kaléidoscope : On a que ça à faire, allez-y ?

Kaléidoscope s'allongea sur le lit, sur le ventre, et posa son menton sur ses bras, croisés devant elle.

Cléo : Vous n'êtes pas gênée dit donc !
Kaléidoscope : C'est vous qui allez nous ennuyer avec votre histoire, alors, on peut bien se permettre d'être bien installés, non ?

Kafei s'assit à côté de Kaléidoscope sur le lit. Même s'il était soulagé de ne pas avoir à s'occuper d'un coeur en chair et en chair, cela ne veut pas dire que leur mission sera plus facile. Bien au contraire. L'histoire va sûrement répondre à ses questions. Ou au moins, il l'espère. Mais une particulièrement lui occupa l'esprit. "Comment récupérer une âme ?" L'Ange n'a jamais été formé pour cela, c'est une toute autre spécialité qui appartient aux exorcistes.

Kafei : Donc cet Ange... et précisez tout les détails dont vous vous rappelez, même si vous pensez d'abord qu'ils sont sans importance.

Cléo : Je vais essayer...

Elle attendit un petit instant, pour vérifier qu'il n'y avait aucun bruit. Non, personne ne semblait espionner. Elle cherchait comment commencer son histoire. Au fond, elle savait très bien par où débuter, mais elle aurait aimé éviter de rappeler certains évènements qui malheureusement devaient être abordés :

Cléo : Tout a commencé quand mes parents sont décédés. Je me suis retrouvée seule à gérer la région de Suhaj. Au début, je me suis dis que je m'y ferais au fil du temps, mais le temps passait, et j'avais l'impression d'être...une bonne à rien. Mes parents et moi avons toujours été adorés de mon peuple, et il continuait de me faire confiance. Mais j'avais l'impression de le décevoir que personne n'osait s'avouer la triste vérité : sans mon père et ma mère, Suhaj coulait lamentablement. Et tout ceci, par ma seule et unique faute.

Elle déglutit difficilement. Apparament, Cléo Fae se retenait de pleurer.

Cléo : Un jour, j'ai donc décidé de demander de l'aide. J'ai été à la chapelle du palais, et j'ai prié les Anges de m'envoyer de l'aide. Le jour suivant, un homme vint se présenter, me raconta qu'il était un Ange et avait entendu mon appel. Aussi, il se proposa de m'aider. Nous sommes allés je-ne-sais-où, dans une maison... En fait, il m'y a emmenée pendant mon sommeil, ça devait rester secret...

La jeune reine se mit à réfléchir. Les souvenirs étaient un peu confus, mais elle pensait aussi que la précision comptait beaucoup pour la mission qu'elle allait leur confier.

Cléo : J'ai fait la requête de pouvoir trouver la force de tenir Suhaj d'une main de fer, sans plier, de pouvoir être sûre de moi, d'avoir le courage nécessaire pour veiller sur ma région et ses habitants. Il m'a examinée un instant et m'a dit qu'une force maléfique me faisait douter. Il a dit qu'il y avait en moi un "mal" qui diminuait ma confiance en moi, et m'a proposé de le retirer. Comme ça, je me sentirais plus libre, légère, je ne douterais plus de moi. J'ai accepté. Il a fait une sorte de cercle, il a récité une formule bizarre, et en effet, j'ai sentit comme si je perdais quelque chose qui avant était à l'intérieur de moi. Il m'a remerciée, car ça allait l'aider pour une idée qu'il avait eu... une histoire de théorie, ou de plan, pour fermer une porte... Il suffit d'avoir une clef, mais bon... Il m'a ramenée au palais, endormie, et je me suis réveillée le lendemain, comme si de rien n'était. Et chaque jour, depuis cette histoire, mes sentiments sont de moins en moins forts, je sais que je perds petit à petit ce qui fait de moi un être humain, j'ai l'impression de devenir un monstre, et tout le monde commence à me détester ! J'entends des rumeurs et des paroles horribles à mon sujet, et avant, ce n'était pas comme ça ! Quand je...

Sa voix se brisa et elle éclata en sanglots. Elle se pencha pour retirer la photo de ses parents et d'elle petite de sous son oreiller.

Cléo : Le jour, quand je regarde mes parents, je ne ressens plus rien ! Même pour eux ! Je dois attendre la nuit pour pouvoir pleurer et me souvenir de tout ce que j'ai gâché en faisant confiance à cet Ange de malheur ! Je n'ai pas demandé de me retirer mes sentiments ! Je n'ai jamais demandé d'avoir un coeur de pierre ! J'avais dit une main de fer ! Et quand je regarde Suhaj par la fenêtre, j'ai l'impression que même en ayant plus d'assurance, rien n'y fait, je reste inutile pour aider Suhaj à se relever après la mort du roi et de la reine...

Il s'était retenu tout au long de l'histoire, mais il ne pouvait plus tenir en entendant "Ange de malheur", son peu de fierté prit le dessus. Kafei frappa de son poing le matelas.

Kafei : Reine Cléo ! Vous vous trompez sur toute la ligne ! Jamais cela n'a été un Ange ! Retirer son âme à un humain est un interdit absolu ! Et quand bien même, l'enchantement utilisé n'est pas du tout angélique ! Il est humain, voir démoniaque !

Il posa ses mains sur les épaules tout en fixant la Reine droit dans les yeux.

Kafei : Et que savez vous à propos de la porte ?! Pourquoi a-t-il voulu la fermer ?! Elle se situe où ?! Il me FAUT ces informations, coûte que coûte !

Kaléidoscope intervient et essaya de calmer les choses. En effet, les pleurs de Cléo avait doublés, et elle murmurait en boucle qu'elle n'en savait rien, en serrant très fort le cadre de sa photo.

Kaléidoscope : Kafei, voyons, ce n'est pas des manières de brusquer une reine...

Elle écarta gentiment Kafei et caressa les cheveux de Cléo doucement.

Kaléidoscope : Ecoutez. On va vous aider, mais pour celà, nous avons besoin d'un peu plus d'informations. Vous avez entendu quelques détails à propos de cette porte ? Même si ça ne veut rien dire pour vous, on ne sait jamais...

Kaléidoscope était redevenue douce, gentille, et Cléo se calma peu à peu. Elle renifla discrètement et releva la tête vers Kaléidoscope.

Cléo : Je crois qu'il a parlé de monstres... Il n'a pas mentionné d'endroit. Mais pour ce qui est d'être un Ange, si c'en était un ! Il avait des ailes toutes blanches ! Je vous jure que je ne ments pas !

Kaléidoscope du la prendre dans ses bras et lui murmurer que tout allait bien se passer.

Kaléidoscope : On vous croit, ça va aller, calmez-vous. Vos parents n'aimeraient certainement pas vous voir pleurer ainsi, ma reine...

Cléo ravala ses larmes, Kaléidoscope la lâcha et alla lui chercher un mouchoir en tissu dans une commode, que la reine lui indiqua.

Cléo : L'Ange...il avait une fille, et une femme je crois. Il était blond, sa femme aussi il me semble... Il a les yeux bleus... Très clairs. Et c'est tout ce que je peu ajouter...

Kaléidoscope ne détestait plus Cléo en ce moment. Kafei avait raison : la nuit, Cléo semblait presque normal. Elle avait toujours un petit quelque chose qui montrait sa supériorité, mais elle était vulnérable. Kaléidoscope avait l'impression de voir une petite fille perdue, et non la reine diabolique qu'elle avait rencontré et qui avait trainé Kafei à l'infirmerie avec un objet étrange...

Kafei fulminait dans son coin. Non à cause de Cléo qui n'y était définitivement pour rien. Mais à cause de l'autre Ange qui salissait la réputation au nom des autres. Quoiqu'il en soit, quelque chose de louche a eu lieu. Outre un tabou brisé, une incantation maléfique a été lancée par un Ange. Et pour une requête aussi grande que le soutien d'un chef d'Etat de Pacifis, cela aurait passé difficilement inaperçu auprès des autorités. Il espérait que celui qui a volé l'âme de Cléo n'avait pas fermé la Porte menant au Royaume des Anges. Autrement, il lui serait très difficile de reprendre contact avec les siens...

Kafei : Bon... mais comment voulez-vous qu'on cherche une âme dans tout Pacifis ? Une aiguille dans une meule de foin serait plus facile à trouver...

Cléo : Oh, ça, j'y ai réfléchit ! Moi, je le sens quand je me concentre ! Là, je sais que mon coeur est quelque part, aux alentours de Suhaj ! Bon, c'est très grand comme territoire... Mais j'ai aussi ça !

Elle quitta son lit et fouilla sa boîte à bijoux pour en retirer un pendentif en forme de sphère de verre.

Cléo : Bon, ayant beaucoup de puissance magique, en enfermer une toute petite partie ne changera pas grand chose ! Ma magie sera attirée par mon âme et devrait réagir d'une manière ou d'une autre en sa présence !

Elle retourna sur le lit, créa une minuscule boule brillante dans ses mains, couleur or, et l'enferma dans le pendentif. Puis, elle tendit le collier à Kafei.

Kaléidoscope : Pourquoi c'est lui qui l'aurait ?!
Cléo : Sur mon bureau vous trouverez votre archet, vous l'avez oublié dans mon jardin...

Cléo lui lança un regard moqueur. Et la compassion de Kaléidoscope s'arrêta net...

Kafei : Hem... merci. Et... désolé de m'être excité juste avant...

Il prit le collier et le regarda avec un peu de crainte. Bien sûr qu'il ferait de son mieux pour retrouver celui qui avait volé l'âme de Cléo. Mais après ? En le retrouvant ? Des informations qu'elle a donné, il savait d'avance qu'il préfèrerait ne pas avoir à l'affronter. Le meilleur scénario étant qu'il le lui vole pendant la nuit, accompagné de quelques gardes pour les protéger. Pacifis n'étant pas Bisounoursland, il devra faire avec.

Kafei : Loin de moi l'idée de refuser cette mission... mais pourquoi nous demander à nous, qui sommes quasiment des inconnus, plutôt que vos hommes ?

Cléo : Réfléchissez un peu voyons ! Mes hommes sont des soldats, des professionnels ! Leur attitude sera bien trop peu naturelle, ils sont sans arrêt sur le qui-vive ! De plus, vous voyagez, et moi, j'ai besoin de mes gardes ici, à Suhaj, car la situation tend à se dégrader, et vu ce qu'il va se produire... enfin... je pense pouvoir dire que peu à peu, ça risque de devenir pire... C'est...encore un détail à propos du fait que le jour je ne ressente rien, j'ai...fait une erreur. J'ai besoin de mon coeur pour y remédier, je pense... c'est une partie de moi, et bien que ça soit "un mal freinant mon courage", j'étais plus puissante avec cette force en moi. Et en plus, à Suhaj, les gens perdent la confiance qu'ils avaient en moi. Alors je préfère vous faire confiance à vous plutôt qu'à des personnes guidées par la vengeance.

Elle referma la main de Kafei sur le collier.

Cléo : Ne prenez pas de risques pour autant. Simplement, vous allez voyager, donc si vous croisez quelqu'un ou quelque chose qui fait réagir ma magie, prévenez-moi. Mais ne vous mettez pas dans le pétrin, c'est juste une petite mission secondaire, pendant votre périple.
Kaléidoscope : Je crois qu'on a un don pour s'attirer des ennuis...
Cléo : Si vous avez un problème, vraiment trop important, cassez la sphère. Ma magie me reviendra, et je serai prévenue... Même si vous semblez pouvoir vous débrouiller... Je ne souhaite pas du tout vous apporter des ennuis... Alors, vous acceptez de m'aider ? Je sais que je vous ai déjà pas mal embêté, et peut-être...un peu...maltraité...

Kafei regarda Kaléidoscope, puis Cléo. Il avait un visage de marbre, presque inexpressif.

Kafei : Nous acceptons. Sachez seulement que cela prendra du temps. De même, trouver votre âme sera une chose. La récupérer en est une autre... Si j'ai bien compris, l'Ange que vous avez rencontré a apprit de la magie interdite. Il nous faudra sûrement ruser plutôt que l'affronter de face. C'est vraiment quelque chose, on a d'abord rencontré une humaine qui a réussi à se transformer en vampire, maintenant cette histoire... J'aimerai croire qu'il ne s'agit que de coïncidences.

Cléo : Une humaine devenue vampire... Je n'en avais jamais entendu parler... Je le redis, n'hésitez pas à briser le pendentif si c'est urgent. Prenez le temps que vous voulez aussi, et ne vous focalisez pas sur cette histoire... Pour ce qui est de reprendre mon âme, j'en ferai une affaire personnelle ! Je vous demande juste de m'aider à la retrouver.

Elle se leva et prit Kaléidoscope dans ses bras, sous la surprise de la musicienne.

Cléo : Merci d'accepter de m'aider, moi... Peu importe le résultat de cette requête, je vous serai reconnaissante. C'est très gentil à vous de me rendre service. J'ai cru un moment que vous alliez refuser... Je l'ai cru jusqu'à la dernière minute en fin de compte...

Elle la lâcha. Kaléidoscope semblait vouloir la reprendre contre elle. Cléo s'assit sur son lit, en face de Kafei et le regarda droit dans les yeux.

Cléo : Merci également à vous. Faites attention à votre blessure. On ne sait jamais... J'espère tout de même que vous allez mieux depuis qu'Archange vous a soigné... Et, je tenais à vous dire que... Vous...vous n'êtes pas inutile. Tant que j'ai une vision claire de ce que je ressens, je tiens à m'excuser. Je n'ai pas été très correcte avec vous. Voilà...

Elle prit la main de Kafei et la serra doucement.

Cléo : Mais je garde toujours la dette que vous avez envers moi. J'ai déjà ma petite idée en tête... J'espère que vous n'êtes pas allergique à la poussière, petit apprentit médecin...

Kaléidoscope sourit à Kafei. Non, finalement, Cléo comme ça lui plaisait bien...

Kafei la fixa un instant avec des yeux perçants. Ils n'étaient même pas menaçant ou méchants. Juste... il la fixa.

Kafei : Lorsque je parlais de vous rendre service, je parlais de quelque chose d'utile, pas passer un coup de balai ou vous massez les pieds, ça vous pouvez demander à n'importe lequel de vos sujets. Non, à la limite, un service rendu serait de débarrasser le palais de ses araignées par exemple.

Kafei retira doucement ses mains de celles de Cléo.

Kafei : Je tiens à vous remercier, encore, de m'avoir soigné. Sachez que je prendrai cette mission à coeur, et que je serai content de voir la Reine Cléo telle qu'elle est supposée être de jour comme de nuit. Votre pays ne pourra étinceler sans que vous n'étinceliez vous même.

Cléo : C'est là que vous avez tout faux. Vous pouvez penser ce que vous voulez, ce n'est pas moi qui fait briller Suhaj, ce sont ses habitants. Et c'est aussi ce peuple qui parviendra à me faire briller et non l'inverse. En tout cas, ce n'est pas seule que j'y arriverais.

Elle inspecta ses mains un petit instant et sourit.

Cléo : Vous savez, je vous rassure, ce n'est pas lié à la poussière, ni aux araignées. J'ai bien une idée en tête, hein ! Mais je tiens à vous le demander en tant que reine, et non en tant que jeune fille perdue.

Elle jeta un oeil à une petite horloge, accrochée dans un coin, au-dessus de son lit.

Cléo : Il se fait tard. Je vous remercie d'être venus. Je vais devoir vous demander de partir, je risque de redevenir... moins gent... moins fréquentable. Je vous conseille de visiter Suhaj, si ce n'est pas déjà fait. Il y a une confiserie qui est vraiment fantastique ! Les sucreries sont un de mes petits faibles... Sinon, j'espère que vous ferez bonne route. Merci encore...

Kafei : Merci de bien vouloir passer outre cet... incident... qui vous a presque coûté le bras. Je vous promets que nous éviterons les visites dans le jardin sans votre permission.

Le garçon se leva du lit et fit une légère révérence à la Reine. Puis déposa son regard sur Kaléidoscope.

Kafei : Et on évitera toutes idées de ce genre aussi, pas seulement au palais de Suhaj... Nous suivrons votre conseil de parcourir un peu Suhaj. En commençant par la confiserie. Kalé ? On y va ?

Kaléidoscope : Je te suis !

Elle afficha un grand sourire à Cléo.

Kaléidoscope : Merci de nous avoir si bien reçus. Nous ferrons de notre mieux !
Cléo : Oui... Et si vous commenciez par quitter ma chambre ! >< Si vous restez ici, vous ne risquez pas de faire grand chose... Pauvres imbéciles... Je me demande ce qui m'a prit de vous confier une chose si importante... Bon, vous allez rester ici à me regarder ? BOUGEZ DONC UN PEU ! KITTYYYYY ! Faites-les sortir de mes appartements !

Kaléidoscope fixait Cléo, un peu perdue. Le changement était radical... Kitty accourut et les obligea à quitter la chambre, alors que Cléo Fae, un air fier au visage, arrangeait son lit, en évitant les endroits où Kaléidoscope et Kafei s'était assis. Kaléidoscope entendit quelques mots... "horreur...changer...draps...inutiles...". Mais elle vit aussi une larme couler sur la joue de Cléo, et elle se jura de faire au plus vite pour lui rendre ses sentiments...