8eme mission : Vous êtes arrivés à Vynitie. Terminus de ce train. Tout les voyageurs descendent de voiture!

Le train en provenance de Jiangsu entra en gare de Vynitie alors que la soirée avait bien commencé. En fait, le ciel fut peu orangé, surtout violet, le soleil s'étant presque entièrement déjà couché.
Les employés de la gare furent très surpris de voir qu'un train re-circulait sur les voies. En fait, ils furent surpris par le train tout court, qui fut plus grand et pourtant moins bruyant que le dernier qu'ils virent. Leur surprise fut totale lorsqu'ils virent descendre... Gareth. Comme avec les ouvriers, on pouvait déceler dans leurs murmures un mélange d'incrédulité, de sarcasme, et aussi un peu de crainte et d'admiration.
Le jeune homme s'en fichait, il y était habitué depuis. Il prit une profonde inspiration, pour s'habituer à l'air iodé, et s'adressa à Orion par la porte.

Gareth : On est arrivé, descend ! Je veux être celui qui assiste à tes premiers pas en dehors de Jiangsu ! Tu vas voir, la premère fois qu'on quitte son pays d'origine ça donne des frissons !

Orion : Attend, la porte coulissante des toilettes ne tient plus en place quand elle est fermée ! C'est plutôt gênant, imagine que quelqu'un s'en serve et que la porte s'ouvre alors que cette personne est en train d... j'arrive...

Elle termina de reserrer les boulons, testa la porte, et sourit, fière de son travail. Elle rangea sa clef, vissa sa gavroche sur sa tête et rejoint Gareth. En fait, elle s'arrêta juste au bord de la marche. Elle eu envie d'éclater de rire : tous les ouvriers présents dans le train avec eux s'agglutinèrent pour lui proposer de l'aide pour sauter le marchepied, ou pour prendre ses baggages -qui, quand on sait que son necessaire se trouve dans ses poches, est une idée plutôt ridicule. Elle ne pouvait presque pas avancer. En fait, à la limite, elle aurait pu faire, son premier pas hors de Jiangsu, mais pas ses premiers pas... Elle eut un sourire gêné.

Orion : Ca ira... Messieurs, je sais me débrouiller seule, merci...

Aucune réaction : leurs regards pétillants de bonté la fixaient encore. Orion haussa les épaules, et sortit Rigel. Ou du moins, le bâton fabriqué avec ses composants. Elle murmura un petit sort, et elle se vit léviter au-dessus des hommes pour attérir derrière la foule. Ce fut ça, son premier pas : attérissage par électricité statique.

Orion : Mes baggages sont toujours dans le train !

Les ouvriers s'entassèrent devant l'entrée du train, se poussant, se bousculant les uns les autres pour les lui apporter le premier. Orion se sentit coupable d'avoir joué à ça. Mais elle voulait être un peu moins entourée... Le matin même, deux hommes s'étaient sentis obligés de lui tenir les cheveux pendant qu'elle se lavait les dents, alors qu'elle aurait tout simplement pu les cacher sous sa casquette ! Le soir précédent, le plus âgé en dehors du contrôleur était venu la border...
Elle se mit à chercher Gareth, sur la pointe des pieds. Pourvu qu'il ne soit pas dans la marée humaine en blouse de travail et casque jaunes...

Gareth bailla et avait une main devant la bouche, et l'autre qu'il agitait depuis que les ouvriers l'avaient bousculé devant la porte pour porter compagnie à Orion. Au lieu de continuer à jouer à la marionnette invisible au bout de sa main, il se dirigea vers elle. La zone était bien dégagée depuis qu'elle avait réussi à se débarrasser de tout le monde.

Gareth : Bon sang, je déteste avoir autant de monde avec moi, tu crois que si on en perdait quelques uns ça serait un drame ?

Il sourit. Après tout, il ne pensa qu'à moitié ce qu'il disait.

Orion n'avait peut-être pas saisit le côté humoristique dans la phrase de Gareth, puisque ses yeux s'aggrandirent et que sa bouche resta un moment légèrement ouverte.

Orion : ...tu...tu rigoles, hein ? Non, parce que...pour un protecteur, je pense que c'est mieux de vouloir garantir la sécurité des ouvriers...

Mais comme il souriait, elle oublia assez vite l'idée douteuse de son compagnon de route.

Orion : Tu as vu, j'ai réussi à léviter ! Genéralement, je loupe ce sort assez souvent !

Elle semblait très heureuse de sa performance. Elle fit un tour sur elle-même, lentement, pour regarder l'endroit où ils se trouvaient à présent.

Orion : Wouaoh... Ca me fait vraiment bizarre de me dire que je suis très loin de chez moi. Ca change vraiment... Hé, mais ça sent la mer en plus ! On est si près de l'eau ici ?! J'ai envie d'y aller ! J'ai très envie de visiter cet endroit ! J'ai l'impression d'avoir des papillons en moi, c'est comme quand j'ai terminé Rigel la première fois !

Gareth écarta les bras pour présenter l'ensemble de la gare, dont l'architecture semblait être dénué d'ornementations superflues. Sans pour autant être dénuée de charme, elle dégage une ambiance classique, avec des ensembles géométriques carrés ou rectangulaires.

Gareth : Ici on est au sommet du plateau, la gare a été construite de sorte que le train n'ai pas de difficultés à monter ou descendre, parce que plus bas...

Il accompagna à la parole un geste, un de ses bras s'abaissa.

Gareth : ... se trouve la ville principale. On aura à descendre des chemins assez tortueux pour y arriver mais ça en vaut la peine. Le toit de certaines habitations permettent la circulation sur des niveaux supérieurs. Les jardins sont en pente, pour faciliter l'irrigation et économiser l'eau.

Le jeune homme pointa ensuite l'horizon, un peu plus bas.

Gareth : Et tout en bas se trouve le quartier du port. Quoique j'ai entendu dire qu'il a subit pas mal de dégâts à cause d'une tempête...

Orion admirait à présent le paysage, essayant de faire attention au moindre détail. Cette ville n'avait rien à voir avec celles de sa région. Par le fait qu'elle lui était totalement étrangère, elle la trouvait plus belle encore que Nanjing. C'était comme si elle avait vu une de ces villes magiques des contes de fées. C'était un spectacle qu'elle n'aurait jamais pu imaginer voir. On lui avait parlé de Mediterranis et de ses côtes, mais jamais elle n'aurait pensé que cette vision lui couperait le souffle, si elle la voyait. C'était pourtant le cas.
Orion avait un petit air enfantin sur son visage, comme une fillette qui regarde une belle robe et s'imagine la porter étant adulte. Elle ne savait pas où donner de la tête. Elle voyait de grands bâteaux au loin, qui partaient du port, toutes voiles déployées. Plus près, les chemins dont parlait Gareth étaient bordés dans certains cas de plantes totalement nouvelles pour la demoiselle. Et elle s'émerveilla longtemps du style des habitations. Elle du rester au moins trois minutes sans rien dire. Puis...

Ouvrier : Mamzelle, y a pas vot' sac dans l'wagon !

Orion revint à la réalité, ce qui se traduisit par un sourire qui s'évanouit et une mine abbatue. Elle retourna pourtant tout sourire vers l'homme.

Orion : Oh, zut~ J'ai oublié que mes seules affaires, je les avais toujours sur moi, désolée...

Elle fit un petit sourire faussement gêné, et l'homme se sentit obligé de s'excuser à son tour...sans savoir pourquoi...

Gareth ne cachait pas son sourire sarcastique. Il ne cachait même pas qu'il riait à l'homme qui avait adressé la parole à Orion. Et il continua de rire en pensant à toutes ces personnes qui furent dans le même cas que lui, et firent sûrement la cruelle expérience de ne pas avoir pu aider Orion.

Gareth : Huit sur dix, original et efficace ! Bon, le soir arrive et il nous faut trouver une chambre pour la nuit ! Tu veux que je t'aide à porter tes affaires que ces charmants messieurs ont bien daigné descendre du train ?

Il mima le soulèvement de deux sacs de voyage en s'agenouillant et en fermant ses deux poings le long de son corps. Et ne put se départir de son sourire ironique tout en regardant l'homme qui était sorti du train.

Orion éclata de rire, et quelques autres ouvriers se tournèrent vers eux. En voyant Gareth, tenant les baggages imaginaires, ils prirent conscience de la ruse qu'Orion avait utilisé pour pouvoir les occuper. Ils se rendirent compte qu'ils l'étouffaient peut-être trop, la petite mécanicienne, et lui pardonnèrent aussitôt. Mais ce garçon qui se moquait d'eux... De quel droit ! Autant dire que les murmures s'intensifièrent à son sujet. Venant des employers du train cette fois, et non des vynitiens.

Orion : Volontiers, merci Monsieur Jones !

Devant la mine déconfite de l'ouvrier qui était à leurs côtés, Orion essuya une larme qu'elle avait au coin de l'oeil et se calma un peu.

Orion : Désolée monsieur. J'aimerais parfois avoir plus de temps pour moi, sans que personne ne s'occupe de savoir si je vais pouvoir attraper seule ma fourchette, me laver les dents, aller aux toilettes, ouvrir une porte, descendre des marches...

Elle avait avancé vers la sortie de la gare, et glissa sur les marches des escaliers de pierre. Elle se retrouva assise sur le calcaire taillé et examina son pied.

Orion : Rien !

Elle se releva, comme si rien ne s'était produit, malgré les commentaires moqueurs des clients de la gare. Elle y était presque imperméable...

Orion : Ca arrive à tout le monde ! Et cette pierre-ci a un défaut...

Elle avait beau le chercher, la pierre était nettement coupée. Un parfait rectangle. Et comme Orion semblait confuse, l'ouvrier se tourna vers les gens et leur fit remarquer que tourner la maladresse des autres en dérision était impoli. Sur ce, les autres hommes défendirent eux ausi cette idée, et pendant que la population et les ouvriers parlait de l'accident, et que les anges gardiens d'Orion faisait disparaître sa légère honte, elle prit Gareth part le poignet et dévala les marches.

Orion : Abandonne mes valises, ils sont occupés, on y va !

Gareth ne se fit pas attendre et se mit à courir au même rythme qu'Orion. Il était bien soulagé qu'elle même trouva les ouvriers agaçants au final. Ceci leur permettra de s'entraider dans le futur contre cette nuisance.
Au fur et à mesure qu'ils descendirent le chemin, la civilisation prit le pas sur la nature. Et bientôt, ils entrèrent pleinement dans la ville. Des parfums divers tels que le poisson frit ou les fruits exotiques leur donna l'indication qu'ils étaient arrivés à un marché nocturne. La place centrale était bien illuminée, les gens auraient pu se croire au matin ou au début de la soirée.

Gareth : Bon, à toi de voir, on se promène ou on va à un hôtel déjà ?

Orion : Je me dis que mes valises étant peu encombrantes, on peut se permettre une ballade. Ah... Cependant, ne serait-il pas plus prudent de réserver d'abord les chambres, au cas où qu'il n'y en ait plus quand on aura terminé de visiter ?

Orion leva les yeux vers le ciel, puis jeta un rapide coup d'oeil sur le marché. Où se trouvait l'hôtel le plus proche ? Ou l'auberge ? Y avait-il beaucoup de réservations en cette saison ?

Orion : Je préfèrerai réserver les chambres, y déposer nos affaires...et me changer. Je pense que je serais plus à l'aise avec ma tenue de combat que celle de mécanicienne ! Mais je te laisse choisir au final. C'est toi le guide, toi qui connais le mieux le monde extérieur à Jiangsu, alors je préfère suivre ton avis.

Orion se demandait aussi si la promenade pourrait passer par un tour à la plage. Elle pourrait mettre les pieds dans l'eau salée pour la première fois ! Et peut-être trouver ces choses, qu'on appelait des coquillages... Ou voir les oiseaux marins ? Peut-être faire un château de sable aussi.

Gareth : C'est effectivement une bonne idée que celle d'avoir une chambre de prête. Bon, suivez moi !

A son tour il l'entraîna dans la ville en la tenant par le poignet. Ils descendirent encore un peu pour arriver en face d'un petit hôtel qui n'avait pas grand chose de luxueux au premier abord. Les abords suivant ne vont pas démentir cette impression non plus. En face d'eux la mer se présentait dans toute son immensité, reflétant désormais la lune à sa surface. Lorsqu'ils entrèrent, le visage de l'hôtelier s'illumina.

Hôtelier : Ah Gareth, mon cher ami, bienvenu à nouveau à la Grenade Salée ! Merci encore pour la dernière fois d'avoir arrêté ces voyous qui avaient voulu voler la recette du mois !
Gareth : C'était naturel...
Hôtelier : Hm ? Oh, je vois que vous êtes accompagné, je ne la connais pas elle, serait-ce une nouvelle...
Gareth : Compagne de voyage pour mission oui.

Le ton restait amical, mais le regard donné par Gareth était un avertissement. Il avait effectivement adopté le proverbe marin à sa sauce : "Chaque marin avait une femme à chaque port.", mais il n'aimait pas trop que cela se sache.

Orion adressa un sourire radieux à l'homme qui les avait accueillis. Elle était enchantée pour plusieurs raisons : on ne leur avait pas dit que toutes les chambres étaient prises, et si ça avait été le cas, on les aurait certainement prévenus à leur entrée dans l'hôtel. De plus cet homme semblait apprécier Gareth ! C'était peut-être la première personne depuis qu'Orion avait croisé la route du jeune garçon.

Orion : Enchantée ! Je m'appelle Orion ! Je travaille avec Gareth pour surveiller le train ! On arrive tout juste de Jiangsu ! C'est à vous qu'appartient cet hôtel ? Vous le tenez tout seul ?

Orion avait déjà d'autres questions en tête, à savoir : est-ce dur de gérer une telle affaire ? Avez-vous toujours habité ici ? Est-ce que la plage était loin ? Est-ce qu'il y avait des magasins d'outils ? Des restaurants traditionnels ? Mais elle avait décidé d'essayer de ne pas trop paraître excitée à l'idée de voyager, de peur qu'on remarque directement qu'elle avait certainement du rester dans sa petite région à elle.

L'hôtelier regarda Gareth d'un air compréhensif et se tourna vers Orion avec un sourire également.

Hôtelier : Je vous souhaite également la bienvenue à la Grenade Salée, rassurez vous ce n'est pas notre spécialité culinaire ! Je m'appelle Roger Century, votre hôte. Mais je tiens cet hôtel également avec ma femme Cream.

Il s'apprêta à déblatérer tout son bla bla pour les touristes quand Gareth leva la main pour l'arrêter.

Gareth : Je lui ferais visiter les alentours ne t'en fait pas. On voulait te demander s'il y avait une chambre de libre.
Roger : Bien sûr, il y en a toujours une pour votre passage ! Mais je suppose que vous voulez que l'on rajoute un lit supplémentaire ?
Gareth : Effectivement ce serait mieux... Tu as le temps, nous allons encore en ville ce soir.
Roger : Oh bien ! Je vais déjà vous y mener, pour que vous puissiez déposer vos affaires.

Lorsque celui-ci regarda autour des deux arrivants, il ne vit pas de bagages. Seulement le sac de Gareth comme à son accoutumée.

Gareth : Oui merci beaucoup. Et... tu peux arrêter de me vouvoyer ? C'est bon, on se connait assez...
Roger : Oh, mais je vouvoie toujours mes clients.

Roger avait ajouté ceci avec un sourire plein de malice, tandis que Gareth leva les yeux au ciel, comme exaspéré. L'hôtelier les fit monter à l'étage pour montrer la chambre. Elle n'était pas très grande, mais la vitre donnait sur la plage et la mer. Une bonne partie était occupée par la salle de bain, contenant un évier, des toilettes et un caisson de douche. Une armoire ainsi qu'une table de chevet complétèrent l'ensemble avec un lit qui semblait bien confortable.

Ce n'était pas très poli, pas du tout distingué...mais Orion ne se fit pas prier pour sauter sur le lit. Elle se mit debout sur les draps et tourna sur elle-même pour regader la chambre dans son ensemble.

Orion : C'est trop chouette ! Je n'ai jamais quitté ma chambre ! Je n'ai jamais dormi à l'hôtel ! Oh !

Elle venait de voir la mer à travers la fenêtre et quitta le lit pour ouvrir cette dernière. Elle se pencha à la fenêtre, et posa son menton dans ses mains. Elle retira sa gavroche et ferma les yeux. Ses cheveux blonds furent agittés par une douce brise marine, qui enleva un soupir de plaisir à la jeune étrangère.

Orion : Oh, Gareth, j'adore déjà cette mission !

Elle se retourna vers les deux hommes, avec un sourire encore plus grand que celui qu'elle avait d'habitude. Il y avait dans ses yeux mauves quelque chose d'humide. Elle avait les larmes aux yeux...

Orion : Ca va être génial, si toutes les villes qu'on visite me font cet effet-là ! C'est fantastique ! Je veux vraiment voir la mer ! Tu me promets qu'on va y aller, hein ? Monsieur Century, c'est à combien de minutes de l'hôtel la plage ?

Roger : Oh oh, je dirais à une dizaine de minutes mademoiselle.
Gareth : On y ira plutôt demain, là l'eau est plus froide ainsi que le sable. C'est pas trop confortable d'y marcher comme ça, c'est mieux dans la chaleur de la journée.

Gareth déposa son sac dans un coin de la pièce, mais garda ses armes sur lui. Il avait déjà fait assez d'erreurs de ce genre dans sa vie pour ne plus les répéter. Le visage de Roger Century changea d'expression, il semblait plus contrarié.

Roger : Ah mais... je ne sais pas si c'est le bon moment... voyez vous, nous avons eu récemment des tempêtes. Et maintenant des pirates rôdent dans le coin. Vous faites ce que vous voulez bien entendu ! Mais je préfère vous prévenir.
Gareth : Des pirates... serait-ce...

Les deux hommes échangèrent un regard entendu. Gareth soupira, l'air à la fois agacé et inquiet.

Gareth : Il fallait que ça soit eux... merci du conseil.

Orion avait commencé à retirer sa salopette en jean. Elle s'arrêta au niveau de la taille, laissant apparaitre son gilet violet et le t-shirt de dentelle qu'elle portait en dessous. En fait, elle parlait de dentelle, mais seul le col en était composé. Le reste de ce t-shirt était d'une matière fine, dans les tons marron foncé, ou noirs selon certains, un peu transparente, qui épousait les contours de son corps pour qu'elle se sente à l'aise. Dans notre monde, nous pourrions comparer cette matière à celle des collants portés par les femmes. Mais en beaucoup plus résistants, puisqu'elle avait déjà manqué de se griffer avec du métal usé, mais n'avait rien sentit. Et le t-shirt n'avait pas eu un seul accrocs. Le gilet lui était en velours, brodé d'un tissu fin, doré.

Orion : Eux ? Eux qui ? Ca existe vraiment les pirates ? Vous les connaissez ?

Elle baissa les jambes de la salopettes, s'assit sur le lit pour retirer ses épaisses chaussures de chantier et se retrouver en ballerines mauve et or. Sa jupe, mauve elle aussi, mais légèrement plus claire, s'arrêtait un peu au dessus des genoux, et était séparée du haut par une ceinture en or pur, incrusté d'un diamant.

Gareth : Malheureusement je les connais oui, et malheureusement ils existent aussi... J'aimerai ne pas avoir à les rencontrer...
Roger : C'est une sacrée ceinture que vous avez là ! Bon sang, elle doit valoir cher ! Je me rappelle qu'on en avait piqué des pareilles qu.. AIE!

Gareth venait de lui donner un coup de pied dans un genou. Certains passages de son passé auraient plutôt intérêt à être gardés secrets. Il n'y avait toujours pas prescription pour certains de ses agissements. Roger comprit et s'arrêta donc de parler.

Gareth : Enfin, si tu es prête on va pouvoir y aller ! Pendant ce temps Mr Century va pouvoir rapporter un autre lit !

Orion : Je suis prête ! Merci d'avance pour le lit Monsieur ! Pour votre information, cette ceinture me vient de personne à qui j'ai réparé une machine !

Elle rangea ses affaires dans un coin de la chambre, vérouilla discrètement son bâton magique, avança vers la porte.

Orion : On va où en premier alors ? Le marché ?

Elle avait perdu un peu de son sourire enjoué, à cause de ces pirates qui lui bloquaient l'accès à la plage, mais s'efforçait de rester heureuse tout de même. Même si elle se creusait déjà les idées sur "comment échapper à la garde de Gareth demain matin pour filer en douce sur le sable ?"...

Gareth : Le marché oui, on pourra manger là bas !
Roger : Oh, si je peux vous conseiller, le poisson-lune fruité cuit est un plat à goûter, avec des ananas, des litchis et du jus de coco ! C'est plus appétissant que ce qu'on croit !
Gareth : Hein mais... on a pas les moyens ! C'est cher chez n'importe qui !

Gareth lui lança un regard qui voulait dire "Tu n'aurais pas pu te taire ?". Roger comprit encore son erreur trop tard.

Gareth : On devrait bien pouvoir trouver de la salade impériale...
Roger : De la... ?
Gareth : Tu sais, de la salade avec des croûtons de pain, des olives, et des tomates cerises ?

Orion murmura un petit truc à l'oreille de Gareth. Pourquoi ? Parce qu'elle n'était pas très fière de proposer cette alternative, mais qu'elle savait que cette option pouvait marcher. Elle n'était pas du genre à se servir du fait d'appartenir à la gente féminine pour avoir des faveurs. Elle se plaisait même à faire comme si elle ne remarquait pas certains regards ou attentions que les hommes lui accordaient. Parce qu'Orion trouvit ça grossier, de jouer ce petit jeu. Elle savait que ses clients la choisissait elle, et non les hommes de la profession, pour accomplir leurs réparations. Et elle savait clairement pourquoi. Mais, elle jouait les filles naïves, laissant croire qu'elle était assez bête pour ignorer qu'ils s'intéressaient plus à elle qu'à son don pour la mécanique. Elle voyait aussi très bien les employés du train et leurs actions plus idiotes les unes que les autres pour lui plaire.

Orion : On sait que certains hommes aiment bien me voir heureuse...on pourrait...voir si un joli sourire ne nous accorde pas un bon repars pas trop cher...?

Elle fouilla ensuite ses poches et en sortit quelques pièces.

Orion : Et au pire, j'ai de quoi payer un peu mieux que de la laitue...je crois...

Gareth : Oh, c'est pas une mauvaise idée, on pourrait...

Mais il s'interrompit. C'est ça l'image qu'elle va avoir du monde ? Bien sûr qu'elle a ses qualités propres, qu'elle est travailleuse, et honnête. un peu trop si jamais elle veut continuer à être aventurière. Mais il ne veut pas qu'elle ai à séduire des hommes pour avoir à se nourrir !

Gareth : Non non non ! J'ai déjà fait pire pour pouvoir avoir à manger, et j'ai pas envie que tu prennes cette même voie !
Roger : Sinon elle peut vendre la ceinture ?

Gareth lui relança ce regard qui avait le pouvoir de faire taire. Cette fois-ci avec une pointe de menace sérieuse. Roger fit alors mine de réfléchir.

Roger : Sinon vous pourriez faire votre tour, et je vous prépare quelque chose en attendant ? Je ne sais pas quoi, il faut voir ce que vous voulez...

Orion prit une mine boudeuse pendant un instant. "Non non non" ? Mais ! Et sa bonne idée alors ? Puis Gareth se justifia. Et comme au final, Orion comprit que c'était pour son bien qu'il refusait qu'elle joue de son charme pour avoir de quoi manger, elle sourit de nouveau. Quant à vendre sa ceinture, elle ne le ferai jamais. Un cadeau, c'est important, et ça se conserve.

Orion : J'aime assez l'idée de monsieur Century ! Je ne suis pas difficile ! J'aime le poisson, la viande, les volailles... Mais j'aimerai assez manger quelque chose qu'on ne trouve que dans la région, pour découvrir de nouvelles saveurs. Si c'est dans vos cordes !

Orion se dit que si leur hôte leur faisait la cuisine, elle pourrait-être être lui acheter un petit truc au marché. Et s'il avait besoin d'aide un jour pour des réparations, elle lui donnerait aussi son adresse. En pensant au monde des mécaniciens, elle se demanda où pouvait bien se trouver les ouvriers du train.

Orion : Gareth, dis, les ouvriers aussi vont trouver une chambre quelque part, hein ?

Roger : Bien entendu, dans ce cas je vais vous faire une salade de fruits de mer...
Gareth : Non je ne pense pas... essaye encore ?
Roger : Sinon je peux vous proposer des ailerons de requin épicées, une salade avec des crevettes, et comme dessert des dattes.
Gareth : Voilà, ça par exemple c'est mieux !

Gareth semblait connaître ce qu'il valait mieux manger ou non dans les environs. Ou plus précisément, ce que Roger savait préparer. L'aventurier se dirigea vers Roger pour lui murmurer à l'oreille :

Gareth : Si jamais tu as des ouvrier des chemins de fer qui demandent à dormir ici, refuse. On vit assez avec eux pour ne pas vouloir les voir quand on peut être libre quelques instants.

L'hôtelier acquiesça en silence.

Gareth : Ne t'en fait pas Orion, je suis sûr qu'étant adultes ils sauront se débrouiller seuls et trouver une auberge où séjourner !

Orion fixa un instant Gareth, puis chercha du secours auprès de Monsieur Century. Puis, elle baissa la tête, soupira, et la releva, un joli sourire étalé sur son visage.

Orion : Si tu le dis, alors je te crois !

Elle fit un câlin à l'hotelier avant de partir en ville.

Orion : Merci pour le repas qu'on va pouvoir manger ! Vous êtes vraiment gentil monsieur~

Puis, elle sortit un peu de la chambre et attendit Gareth.

Orion : Monsieur Jones, je vous attends ! Ha ha ! Tu viens Gareth, on va se promener !

Roger : "Monsieur Jones" ? Ha ha ha ! Oh toi, tu dois pas t'ennuyer avec elle !
Gareth : Je déteste qu'on m'appelle comme ça !

Son air désespéré ne fit qu'empirer le fou rire qu'avait maintenant Roger qui dû s'essuyer quelques perles qu'il avait au bord des yeux. Vexé, Gareth se tourna vers Orion et marcha hors de la chambre.

Gareth : Partons, avant que ses oreilles ne finissent avec les ailerons de requin !

Ils avaient beau avoir descendu au rez de chaussée, les rires de Roger s'entendaient toujours. Et Gareth de persifler dédaigneusement à son égard.