9ème mission : La Vie de Château

Notre histoire commence à Jiangsu. Un petit retour en arrière de quelques heures nous aidera à comprendre comment Mistral Hyoozan, jeune élève de la Sunset School, en était arrivé là.

C'était une matinée comme toutes les autres. Le soleil timide commençait à réchauffer les dalles de la cour de récréation, les élèves, regroupés entre amis, riaient, parlaient, jouaient... Dans un coin de la cour, sous un peuplier, Mistral parlait avec Cherry, son unique amie.

Cherry : Quand même, le prof est trop sévère ! J'ai réussi à créer quelques étincelles de magie, alors que d'autres n'ont rien produit ! J'ai eu trois ! TROIS ! Sur vingt ! C'est la même note que Carmen, qui elle n'a réussi à rien du tout !

Mistral se contenta de hausser légèrement les épaules. Pour elle, aucun soucis, elle avait eu quinze.

Cherry : Oui, oh toi, tu t'en moques c'est ça ? Oui, Mistral est douée en dactylo, alors forcément...

Cherry passa les dernières minutes à se plaindre, puis, elles rentrèrent en classe. C'est à ce moment que tout bascula. La porte s'ouvrit, le directeur vint chuchotter à l'oreille du professeur de français et ils tournèrent leurs regards vers elle.

Professeur : Hyoozan, dans le bureau du directeur.

Mistral se mit à trembler. Elle n'y était jamais allée. Ce n'était pas une élève modèle qui voulait se faire bien voir par les enseignants, mais ce n'était pas une peste non plus ! Elle était juste normale, essayant de se fondre dans la masse, et c'était assez compliqué quand on devait se lever et marcher du fond de la salle jusqu'à la porte avec une quarantaine de paires d'yeux rivées sur vous. Elle suivit le vieil homme jusqu'à la pièce qui lui était réservée et s'assit face à lui. Il arbora alors un sourire radieux.

Directeur : Hyoozan. Mistral Hyoozan ! Que je suis heureux que vous ayez été choisie !

Il avait annoncé ça comme si elle venait de gagner à la loterie... "Choisie" ? Pour quoi ???

Directeur : Une de nos anciennes élèves, voyez-vous, souhaite changer de profession. Elle travaille actuellement au château de Västreras, pour le roi de Dalarna, et voudrait changer de voie. Elle a donc proposé de sélectionner elle-même la personne qui prendra sa place ! Elle aimait tant son école qu'elle a demandé de consulter tous les dossiers scolaires, et parmis tous nos élèves, c'est VOUS, Mistral, qu'elle a retenue ! Vous partez pour Dalarna dans dix minutes ma chère !

Tout allait trop vite. Beaucoup trop vite. Mistral bafouilla quelque chose et se retrouva de nouveau dans le couloir, pour retourner à sa classe, avec une surveillante. Elle dût faire son sac rapidement, ses affaires, se trouvant dans son dortoir, lui furent apportées, elle fit un rapide signe de la main à Cherry et lui promit de lui écrire pour tout lui expliquer -quand elle-même comprendrait quelque chose...-, et enfin, elle se retrouva à charger tout dans le fiacre qui allait la mener jusqu'à Dalarna. Ce fiacre était assez curieux, puisqu'il n'y avait aucun animal pour le tirer... Mistral s'y installa, et sentit une secousse hors du commun quand il démarra. Elle se pencha à la fenêtre, poussant les fins rideaux, et vit son école, plus bas, sous les nuages... Le fiacre volait, tiré par...quelque chose qu'elle ne voyait pas... Ce quelque chose avait une puissante terrible, puisque pour la fin de l'après-midi, elle arriva dans la cour du château. Une femme arriva et la conduit dans le hall d'entrée. Là, une autre femme, plus jeune, l'attendait, les larmes aux yeux. Elle s'appelait Elisabeth. Ses cheveux blond vénitien était attachés en macarons, mais d'une façon unique que Mistral n'avait encore jamais vue. Elisabeth la prit dans ses bras.

Elisabeth : Très chère, je vous remercie d'avoir fait aussi vite ! Bienvenue à Dalarna ! J'ai su que vous y étiez originaire !
Mistral : Oui...
Elisabeth : Oooh, vous êtes toute gênée ! Ca va aller !

Gênée, non, mais agacée qu'on évoque le passé : oui.

Elisabeth : Margaret va vous changer, votre chambre se trouve à l'étage. Vous y trouverez une tenue de nuit, plusieurs tenues de jour identiques ainsi que des habits pour les mauvais jours ! Nous avons crée un uniforme pour une jeune fille de votre âge, ne vous en faites pas.

Oui, car Elisabeth portait une robe avec un assez grand dos plongeant...

Elisabeth : Bon...vous avez des questions ?
Mistral : Mmh... Vous avez des conseils pour que je mène mon travail à bien ?
Elisabeth : ...les anti-dépresseurs sont dans votre tiroir, dans la table de chevet !

Et elle s'enfuit, laissant Mistral se poser plus de questions qu'elle n'en avait quand Elisabeth lui avait proposé d'y répondre... Quel genre de travail allait elle devoir effectuer pour que celà soit si stressant ? Conseillère peut-être ? Ou gérer une équipe de travail ? Ministre ? Non, pas si jeune... Margaret la conduit dans sa loge, une chambre assez simple, mais confortable, où elles déposèrent ses affaires. Mistral les rangea, puis la dame de chambre l'aida à enfiler son uniforme.

Margaret : Le roi vous attend pour vous présenter.

Sur ce, elle la laissa seule. C'était bien joli tout ça...mais il était où le roi ?!

Après s'être retrouvée seule, Mistral avait quitté sa chambre et était montée à l'étage, d'où on l'avait chassé, elle était descendue, avait trouvé les cuisines, le salon, la salle du trône, mais toujours pas le roi. Et en plus, toutes ces découvertes, elles les avaient de nouveau perdues, le château était trop grand pour qu'en quelques minutes, sa mémoire lui en dresse un plan détaillé.

Mistral : Où peut bien être le roi... Il devrait être dans la salle du trône, non ? Vanille Thé, d'après les professeur, reste toujours bien en vue pour qu'en cas de nécessité, on la trouve facilement... Ou alors, dans une salle pour les affaire du royaume ! Suis-je bête ! Bien sûr !

Elle se mit à courir et croisa un garçon, qui devait avoir quelques années de plus qu'elle. Sans doute un cuisiner, ou un serveur.

Mistral : Excusez-moi, savez-vous où je peux trouver le roi ? C'est Mademoiselle l'Intend...l'ex-Intendante qui m'envoie.

Oui, car comme toute personne ayant un minimum de culture le savait, le trône de glace, comme on aimait le nommer, avait été perdu par la famille Sorrow il y a de celà dix ans. Depuis, il avait changé de main plus de quatre fois. Cinq en réalité depuis un peu plus d'une semaine. Elisabeth devait, selon les anciennes lois, le garder en attendant un possible héritier, cependant, il venait d'être prouvé qu'une pareille personne n'existait plus. Une longue période de doutes avait suivit, avec de nombreux débats, qui avaient fatigué la pauvre Elisabeth. Ce qui l'avait sûrement fait démissioner de son poste, le laissant à quiconque le prendrait.

Alors que Kei se félicitait d'être sorti sans être remarqué, il croisa une jeune servante à l'air perdue.

Kei : *Eh m... elle va me dénoncer, ou au moins m’appeler...*

Mais non, rien de cela. Elle demanda même où trouver le roi ! Parfait ! Une nouvelle servante semble-t-il !

Kei : Le roi ? Oui bien sûr ! Je sais où il est ! Actuellement il est...

Garde : L-le roi a disparu ! Vite ! Retrouvez le !

Une voix avait failli tout fait gâcher. Mais Kei savait très bien jouer la comédie. Alors deux secondes de silence après l'exclamation du garde et tout en gardant un visage fermé, il continua.

Kei : ... il a besoin de repos alors il s'est caché. Suis moi !

Sans perdre de temps, il prit la main de Mistral et l'entraîna vers des couloirs où il y avait moins de bruits, donc moins de chance d'être au courant de la nouvelle à propos du roi.

Mistral, prise au dépourvu, se laissa faire au début, puis envoya une décharge gelée dans ses doigts. Qu'elle avait de la chance d'être la plus douée de sa classe en dactylomagie !

Mistral : Pas touche !

Mains sur les hanches, elle fusillait le garçon du regard.

Mistral : Je dois me présenter au roi ! Je suis nouvelle, je ne sais pas ce que je vais devoir faire, j'ai juste reçu une chambre, une tenue, et on m'a laissé là, comme ça, sans informations ! Alors, si vous n'êtes pas trop idiot pour comprendre ce que je vous dis, vous serez gentil de répondre à ma question : où se trouve le roi de ce château ?!

Kei se frotta la main où Mis avait envoyé une décharge glaciale. Coriace la nouvelle petite !

Kei : Je connais le roi et il est caché quelque part ! Je ne peux pas te dire précisément où encore. On est en train de perdre du temps ! C'est maintenant qu'il faut s'enfuir !

Oui c'était bien le moment car alors que les secondes s'égrenaient, la rumeur se propageait un peu partout au point qu'ils n'avaient presque nul part où s'échapper. Le seul endroit où régnait encore le calme était... autour d'eux. Comme s'ils étaient magiquement protégé par une bulle.

Kei regardait furtivement autour de lui, puis souleva une tapisserie au mur qui révéla derrière... un couloir secret ! Il s'y engouffra et tendit sa main vers Mis.

Kei : A toi de choisir mais vite ! Tu as dix secondes ! Un. Deux. Sept. Huit...

Mistral écarquilla les yeux. Pourquoi s'enfuir ? Elle avait raté quelque chose ? Il avait peut-être fait une bêtise, et fuiyait le roi ?! Si elle le suivait...elle serait sa complice !

Mistral : Qu-quoi ?! Hey, on ne passe jamais de deux à...

Neuf... D...

Mistral : Rrrr !

Elle le suivit, sans pour autant prendre la main tendue. Elle n'aimait pas être toute seule dans un endroit inconnu...

Mistral : On est où ici ? Comment vous connaissez cet endroit ? Raaah, si je me fais gronder lors de mon premier jour de travail, je mettrai tout sur VOTRE faute, et alors, vous serez renvoyé !

Elle croisa les bras et fixa froidement son interlocuteur. On le voyait peu à cause du manque de lumière, mais ses yeux bleu-gris étaient à présent d'un gris métalique. Elle se mit à taper du pied, agacée.

Mistral : Bon, il est gentil le gamin, il va nous dire ce qu'on fait maintenant ?

Mistral n'était pas du genre à savoir briser la glace...plutôt même du genre à en rajouter une couche.

Si les yeux de Mistral furent gris métallique, ceux de Kei furent flamboyant d'ingéniosité. Et il avait un sourire qu'il ne portait que quand il était excité de faire une bêtise.

Kei : Maintenant ? On joue à cache cache ! On parie qu'il leur faudra quatre heures pour me retrouver ? Steve sera furieux !

Steve, celui qui est actuellement premier ministre, et dont la voix tonna malgré l'éloignement et la tapisserie qui cache l'entrée secrète.

Steve : ROI KEI SHIGERIU ! Je vous ordonne de revenir IMMEDIATEMENT en salle de réunion ! Nous avons plein de choses à discuter, et vous n'allez pas nous compiquer la tâche ENCORE !

Le jeune roi jubilait et cela se remarquait sur son visage. il commençait à descendre des escalier en spirale avant de s'exclamer sans pour autant être sûr d'être entendu par son interlocuteur.

Kei : Mwahahaha !! Comparé à la dernière fois, CE N'EST PAS DIFFERENT DU TOUT, PAS VRAI STEVE ?

Fit-il avant d'avoir un éclat de rire qui se voulait démoniaque.

Mistral, elle jetait des regards inquiets derrière elle. C'était qui, ça, Steve ? Il demandait au roi de revenir en salle de réunion. Mistral commençait à s'imaginer toute une histoire à dormir debour, comme quoi, le garçon qu'elle avait croisé était peut-être le roi, qu'il se cachait des autres gens haut placés... Et non, ça ne pouvait pas être vrai, parce que sinon, elle venait de le traité de gamin et d'idiot...

Mistral : A-attendez, je fais quoi, moi à présent ? Je n'ai jamais aimé les parties de cache-cache ! Ce jeu est puéril ! Et il n'est même pas amusant...

Le fait est que Mistral était toujours trouvée dans les premières d'habitude.

Mistral : Et puis...

Comme le garçon disparaissait dans les escaliers, elle le suivit pour continuer de lui parler.

Mistral : On devrait remonter pour les aider à chercher, non ?

Elle longeait le mur, les mains contre la paroi, car la luminosité baissait à mesure qu'ils descendaient.

Mistral : ...et vous, vous travaillez ici ?

Peut-être devait-elle quand même vérifier l'identité de son guide, non ?

Kei : Hein ? Travailler ? On peut pas trop appeler ça travailler, je suis torturé ici !

Au fur et à mesure qu'ils descendaient, la luminosité revint. En effet, Kei avant son endroit secret dans le château, que personne (à sa connaissance) ne connaissait. Il venait ici pour se cacher un moment. C'était aussi un carrefour vers d'autres passages secrets du château, notamment pour sortir. On trouvait dans cette pièce centrale un lit, un bureau, des ouvrages, des vivres, des bougies...

Kei : Et puis les aider ? Non ! Je devrais organiser un jour où ce serait moi qui chasserait les gens du château plutôt que l'inverse... et ces parasites de ministres seraient les premiers !

Mistral : ...

Elle restait en bas des marches. Inverser les rôles. Donc, que lui les chasse, et non l'inverse. Donc...oui, elle avait bien traité son supérieur, et le chef de Dalarna de gamin et d'idiot...
Mistral prit un dictionnaire, au hasard apparement, et frappa le roi avec.

Mistral : Non mais ! Ca ne va pas de faire ça ! Vous ne m'expliquez rien, vous me trainez jusqu'ici pour fuir ces gens et... vous ne me dites même pas qui vous êtes et...vous êtes bien LUI, n'est-ce pas ? Vous êtes le souverain qui gouverne Dalarna, c'est exact ?

Le gros livre toujours à la main, elle fixait Kei avec un air de reproche. La température tomba de quelques degrés.

Kei se frotta la tête. Apparemment cette servante n'allait pas faire long feu ici vu ses premières impressions.

Kei : ... Oui bon ! Je ne voulais pas que vous avertissiez les gens en haut ! Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point les rencontres ministérielles sont emm...

Il interrompit sa phrase juste au bon moment pour remarquer quelque chose.

Kei : ... vous êtes gênée pour m'avoir traité de gamin et d'idiot c'est ça...?

Son sourire s'élargit même à mesure qu'il continuait.

Kei : Et aussi que j'ai pu vous tromper aussi vite ? Ca doit être votre premier jour ici si vous ne m'aviez pas reconnu ? Moi en tout cas je ne vous ai jamais vue... Eh bien voilà ! Considérez ça comme un bizutage !

Mistral : Mais...mais...mais ce n'est pas juste ! On m'a demandé de venir vous trouver pour que je me présente et que je commence à travailler ! Maintenant, je comprends pourquoi cette Elisabeth m'a prévenue pour les médicaments... Vous êtes...

Mais tous les mots qui lui venaient à l'esprit étaient trop forts. Elle repensa à son directeur, si fier qu'elle ait ce travail, qui donnait une bonne image à la Sunset School. Elle repensa à Cherry, qui la regardait avec envie... Qu'allait-elle lui dire ? "Je travail au Royaume des Idiots" ? Elle pensa aussi qu'entre le dortoir, la famille d'accueil et ici, ça n'avait pas trop d'importance... Elle ne pouvait pas l'insulter... C'était certainement interdit en tant que servante... Elle lui donna donc un second coup.

Mistral : Vous serez aimable de ne pas vous moquer de mon ignorance ! Je ne vis même pas à Dalarna ! Pfff, et comme je travaille pour vous, j'imagine que je ne peux même pas m'opposer à votre souhait de rester ici...

Elle s'assit sur la dernière marche, posa ses coudes sur ses genoux et posa son menton dans ses mains.

Kei : Ah ? Eh bien, faisons les présentations de manière plus traditionnelles si vous voulez bien ! Moi d'abord, Kei Shigeriu, roi pantin de Dalarna, enchanté !

Il lui tendait la main en toute sincérité. C'est vrai que c'était plutôt vache de sa part de lui avoir fait passer à travers tout ses états... mais priorité était donnée à son envie de s'échapper ! Maintenant il pouvait essayer de paraître comme un humain normal.

Kei : C'est pas faux que vous ne pouvez pas vous opposer au fait que nous nous cachions. Mais autant en profiter pour apprendre à nous connaître, ou au moins profiter du calme ici ! Croyez moi, ça ne sera pas drôle tout les jours ici. Je ne voulais pas me moquer de votre ignorance mais il FALLAIT que je m'enfuie !

Mistral : Pourquoi ? C'est sûûûr, ça doit être si pénible d'avoir plein de gens à son service, près à vous cirer vos chaussures quand vous claquez des doigts... Très compliqué aussi de se nourrir quand on vous apporte tout sur un plateau... Non, franchement, la fuite est trèèès compréhensible... Je le redis : cache-cache, c'est pour les bébés.

Elle lui serra la main, sans un sourire accompagnant le geste, seulement cet éternel regard froid.

Mistral : Hyoozan Mistral, étudiante en cinquième année à la Sunset School de Jiangsu.

Serrer la main était peut-être fort comme expression. Version Mistral, c'était plutôt effleurer. Elle n'aimait pas trop les contacts, qu'ils soient physiques ou non d'ailleurs.

Le roi roula des yeux tout en serrant plus franchement la main de Mistral, au risque de se prendre une nouvelle décharge glaciale.

Kei : Ah, si seulement je pouvais avoir la moitié de ce que vous dites ! Mais je n'en ai plus le temps ! J'ai un royaume à faire semblant de diriger ! Avant j'étais un simple noble, et bien que je n'avais pas une hordes de servants, j'étais au moins heureux !

Puis, ajoutant à propos de la poignée de main que lui offrait Mistral, vexé.

Kei : Ca va hein, je vais pas vous mordre non plus ! Je suis peut être gamin et idiot, mais c'est pas contagieux ! Par contre la neige dehors, elle est plus réchauffante que votre caractère !

Mistral lui lança le dictionnaire en pleine figure.

Mistral : Pour un roi, vous pouvez au moins faire semblant d'en avoir l'étoffe, non ? Ca passe par : ne pas rouler une jeune fille, ne pas lui cacher qui vous êtes, ne pas l'entraîner dans vos combines, et ne pas la critiquer comme vous venez de le faire ? Vous croyez quoi ? Que parce que vous avez une couronne sur la tête d'habitude, je vais être gentille avec vous et vous laisser me marcher dessus ! Ah, ça non par exemple ! Vous venez de gâcher toute une journée ! Et j'estime que pour le coup, oui, j'ai le droit de ne pas être heureuse.

Elle tourna la tête, une mine boudeuse au visage.

Mistral : ...et les autres jours, ne comptez pas non plus sur moi pour sourire de trop. Ce n'est pas mon genre. Je ferai bien mon travail, point final...

Elle entendit quelques bruits de pas lointains et se retourna vers les escaliers, dans son dos. Les autres ne connaissaient peut-être pas cet endroit...mais si par hasard, ils le découvraient, elle se ferait punir ou pas ? Pas de raison...après tout, elle était bien avec la personne la plus influente, non ?

Mission réussite ! Il avait réussi à la vexer ! La prochaine serait de la faire rire. Et effectivement ça ne semblait pas être la plus facile. Sûrement non accomplie aujourd'hui. Mais au moins il savait qu'il avait une servante de caractère, elle ne s'est même pas dégonflée devant son titre de roi !

Kei : Vous êtes prête à parier ?

Mais du bruit se fait entendre. Auraient-t-ils trouvé l'entrée ? C'était un miracle qu'ils ne l'aient pas trouvé depuis tout ce temps. C'était la plus facile... Kei lui prit une pomme et se dirigea vers l'entrée d'un tunnel avant de se tourner vers Mistral.

Kei : Vous venez ? Nous ne sommes pas au bout de notre défi ! Et je fais toujours partie de l'équipe des gagnants, alors vous aussi !

Mistral resta un moment à regarder les escaliers, plongés dans la pénombre, puis se leva et haussa les épaules.

Mistral : Est-ce que j'ai vraiment le choix ?

Elle frappa un peu sa robe toute neuve avec ses mains, pour en faire partir la poussière, puis rejoint Kei.

Mistral : Si vous venez ici si souvent, pensez donc à laver un peu, la poussière, c'est mauvais pour la santé.

C'était dur de lancer un petit regard supérieur quand on était plus petite que la personne visée. Mais bizarrement, Mistral y arrivait plutôt bien. Elle lui ferait payer cette escapade. Roi ou pas.

Mistral : Vous connaissez beaucoup de passages comme celui-ci ? Comment on va faire si vos amis les ministres se trouvent là où nous sortons ?

Kei affrontait du regard Mistral alors qu'il continuait à marcher en sens inverse. Lui avait souvent joué à ce jeu avec des amis, et avait presque toujours gagné.

Kei : J'ai exploré la plupart des couloirs, même s'il m'en reste quelques uns à aller visiter oui. C'est très utile comme raccourcis, si vous êtes sage, ça peut vous aider quand je vous appellerai pour un massage des pieds express ! Et secundo, ces vieux schnocks n...

Et il trébucha. A force de marcher en arrière ça devait arriver aussi...

Et là, c'était bien plus facile ! Alors pour la peine, bras croisés, la tête légèrement penchée sur le côté, Mistral se délectait du fait qu'elle puisse lancer son regard hautain. Mais pour autant, la situation ne la fit pas sourire d'un poil. Enfin, pas en apparence. Dans son fort intérieur, elle riait aux éclats. Elle aurait peut-être du lui tendre la main, un petit sourire amusé sur le visage ? Ou lui demander si la chute n'avait pas été douloureuse.

Mistral : Moi qui pensait qu'en tant que roi, vous ne pouviez pas tomber plus bas...

Mais dans son école, on ne l'avait pas surnommé la Reine des Glaces pour rien... Certains lui avaient même demandé si elle avait un lien de parenté avec Cléo Fae. Ce qu'elle détestait, car elle était quand même plus humaine qu'un monstre, et surtout, parce qu'elle était de Jiangsu !

Mistral : J'imagine que la prochaine fois que vous tomberez, je devrais faire en sorte qu'un royal coussin amortisse votre chute...Votre Majesté ?

Elle soupira et lui demanda "gentiment" -à sa manière tout de même- de se relever et de les faire sortir de ce couloir. Oui, parce que parmi ses nombreuses craintes, le noir se retrouvait dans le top 5...

Kei fixait hébété Mistral. Autant soit les gens le craignaient, soit les ministres qui ne pouvaient pas le saquer se montraient faussement polis. Autant elle n'hésite pas à le bousculer le premier jour de son emploi. Qu'est-ce qu'il pouvait faire ? Rien. Il éclata juste de rire.

Kei : Elle était excellente la première réplique ! 9 sur 10, surprenante, piquante, tombe à point nommé ! La deuxième vaut la même ! Joli final aussi ! Faudra faire attention à ne pas trop vous répéter. Sauf si à chaque fois c'est tellement bien que ça en devienne un classique.

Sur ce, il leva son royal popotin, une sourire satisfait sur le visage. Il ne sait pas qui l'a recruté, mais il mériterait une semaine de repos ! Et les Déesses savent qu'en ces temps, cela équivaut à une médaille...

Elle avait toujours vu les gens vexés par ses répliques s'en aller sans dire un mot. Nouvelle fin à ses répliques : l'éclat de rire. Mais seul ce roi devait pouvoir l'utiliser celle-là ! Si lui l'avait regardée d'un air hébété, les rôles étaient à présent inversés. Il avait repris le dessus, et Mistral ne savait pas trop quoi dire. Il l'encourageait ?

Mistral : Euh... J-je...

Devait-elle remercier ? Il avait quand même complimenté sa capacité à répondre de façon plutôt piquante. Il semblait heureux d'avoir été traité de la sorte... Ce garçon était différent. Il méritait au moins un peu de reconnaissance !

Mistral : Bon, vous n'avez apparement pas perdu votre langue... Mais avez-vous perdu vos pieds ? On devrait avancer, non ?

La reconnaissance viendrait plus tard...peut-être.

Kei : Oui oui, doucement, on est assez tranquille, c'est un vrai labyrinthe après tout...

Son ton se fit plus... bizarre. Sombre. Comme quand on raconte une histoire pour faire peur.

Kei : Pas la peine de se précipiter. Il serait fâcheux que vous vous perdiez ici. Après tout, déjà qu'il n'y ai que peu de lumières... bien des gens sont morts perdus ici. J'ai vu une belle poignée de squelettes...

Le roi se retourna vers elle, et la scruta avec un air grave.

Kei : Dont certains pouvaient encore bouger !

Mistral avait perdu tout air supérieur et sentit des frissons parcourir son dos. Elle déglutit difficilement et se mit à tripoter nerveusement les plis de sa robe.

Mistral : Des...squelettes ? Qui bougent ? Et...on peut se perdre en plus ?

Elle se rapprocha un peu du roi, doucement, comme si elle avait peur de faire le moindre bruit. Qui sait ce qu'elle pouvait réveiller...

Mistral : Vous n'irez pas trop vite alors, hein ? Vous l'avez dit ! Moi, je ne connais pas les chemins, je ne connais même pas la partie habitable du château ! Vous n'allez pas me laisser me perdre parce que je vous ai traité d'idiot, n'est-ce pas...? Je vous demande de m'excuser, je n'ai jamais été à l'aise dans les conversations ! Je ne voulais pas vraiment vous traiter d'imbécile, c'est simplement que... S'il vous plaît je n'ai pas envie de servir de repars aux squelettes hantés !

Elle s'était inventée toute une histoire en peu de temps, son imagination confrontée à ses peur fonctionnant à plein régime.