4ème mission : Lecture et action !

Cléo Fae chassa cette étrange phrase de sa tête et attrapa le poignet de Kaléidoscope qui lâcha le grimoire sous l'effet de surprise.

Cléo : Pauvre idiote, à quoi jouez-vous, ce livre est dangereux !

Kaléidoscope se défendit et l'obligea à la laisser libre de ses mouvements. Elle la traiait de tous les noms, alors que Cléo fixait le livre. Ses pages tournaient à vive allure, et Cléo savait ce qu'il se passait. Ils allaient être envoyé dans le livre lui-même.

Cléo : Courrez !

Elle se retourna et se retrouva face à Kafei. Il la coupa dans son élan, puisqu'elle se retrouva très près de lui et faillit le heurter.
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Elle le savait...
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C'était trop tard...
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Personne n'en était jamais revenu...
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Le décor avait bien changé depuis. Les palmiers, la chaleur, le soleil et les jardins royaux ont laissé place à une forêt dense remplie d'arbres qu'on trouve plutôt sous les climats océaniques, un ciel gris, et une température un peu fraîche. Le livre les avait effectivement transporté dans le conte de Hansel et Gretel. Une des capacités du livre était que la plupart du temps, ceux qui y étaient furent absorbés perdaient leur mémoire.
Ainsi, lorsque Kafei regarda autour de lui comme s'il avait juste eu un moment d'absence, cela lui parut normal de continuer sur le chemin de terre qui se proposait à lui et Kaléidoscope.

Kafei : Continuons le chemin Kalé ! Je sais que nous ne sommes plus loin et allons retrouver notre route et...

Le garçon s'arrêta de nouveau, le temps de sentir l'air quelques secondes, et voir son visage irradier de joie.

Kafei : Du pain d'épices !

Kaléidoscope ne se posa pas de question sur les changements radicaux au départ. Le livre avait disparu, et elle en avait oublié son obsession pour l'objet. Elle examina les environs, puis se tourna vers son compagnon de route. Elle sentait aussi cette odeur, mais très discrète. Kafei devait avoir un excellent odorat.

Kaléidoscope : Kafei, on est où ? On est perdu ?

Elle ne se souvennait pas d'être entrée dans une forêt. D'ailleurs, de quoi se souvennait-elle ? Oh, elle la sentait l'odeur ! Plus fortement qu'avant.

Kaléidoscope : Ouah, tu as raison ! Qu'est-ce que ça sent bon !

Et pour tout avouer, elle n'avait pas mangé depuis un moment ! Elle ne savait plus quand exactement, mais son ventre confirma ses pensées.

Kafei aussi avait faim, il avança au gré où l'odeur de pain d'épices le menait. Mais toujours en restant sur le chemin. Il avait la sensation qu'il valait mieux ne pas le quitter... Une mauvaise expérience passée sûrement.

Kafei : On se rapproche, je le sais, je le sens... on se... OH !

Quelle ne fut pas sa surprise, en effet au beau milieu d'une clairière se trouvait... une maison entière faite en pain d'épices ! Il n'en crut pas ses yeux ni son odorat, en effet le pain devait sûrement être cuit à l'intérieur... mais l'aspect extérieur de la maison faisait bien croire qu'elle l'était. Mais plus encore ! Les murs semblaient agrémentés de confiseries diverses !

Et pendant qu'il admirait la jolie maison, Kaléidoscope le dépassa en courant pour examiner le tout. Elle caressa les murs, regarda par une fenêtre, la toucha, puis porta son doigt à sa bouche.

Kaléidoscope : Kafei ! C'est du sucre !!! La maison a des fenêtres en sucre ! Mon dieu, que j'ai faim !!!

Elle jeta de nouveau un coup d'oeil. On ne voyait personne à travers la vitre, si elle en profitait un peu, qui serait au courant ? De toute façon, ils n'allaient pas rester, juste passer... Elle lécha un peu la vitre. Décidément, c'était trop tentant...

Kaléidoscope : C'est mal, mais...je verrai ça plus tard avec ma conscience.

Elle découpa un morceau de fenêtre qu'elle croqua à pleine dent.

Kafei s'approcha prudemment tout en regardant autour de lui. La scène lui semblait si... surréaliste. Et d'un autre côté, il semblait que leurs estomacs n'avaient plus été remplis depuis des jours. Au final il arracha un morceau du mur en pain d'épices et le goûta avec la pointe de la langue.

Kafei : Je n'y crois pas...

Et pourtant c'est vrai, après l'odorat, la vue et le toucher, c'est au tour du goût de toucher une réalité qu'ils n'auraient jamais pu croire exister ! A son tour, il commença à manger goulûment une partie du mur et son coin tenu par du sucre canne.

A l'intérieur de la maison, bien que Kaléidoscope l'ait vérifié plusieurs fois, il y avait bien quelqu'un. Et pas n'importe qui. Cette personne s'était cachée contre un mur, dans un angle mort, tapie dans la pénombre, pour éviter d'être remarquée. Son sourire diabolique découvrit une rangée de dents blanches. Cette fois, elle n'allait pas laisser passer sa chance. Ces deux-là ne quitteraient jamais la forêt...ni même sa jolie demeure au parfum si exquis. Elle se racla la gorge, ajusta sa robe sombre, et passa de la cuisine au hall d'entrée, discrètement, alors que Kaléidoscope mangeait à sa faim et ne faisait plus attention aux mouvements à l'intérieur de la maison. La propriétaire de la maisonnette se plaça face à un miroir, admira son si beau visage, et s'entraîna à jouer le rôle qu'elle préférait : celui de gentille jeune fille. Elle abandonna son air assuré et hautain pour de grands yeux innocents, son sourire maléfique pour un petit air adorable, à la limite de la timidité, et s'avança vers la porte. Elle posa sa main sur la poignée, appuya doucement, et la poussa légèrement.

Cléo : Il...Il y a quelqu'un ? Qui donc ose venir chez moi ?

Elle se félicita intérieurement : avec cette petite voix peureuse, les deux autres allaient sûrement s'excuser, venir lui parler, entrer...et le piège se refermerait !

Le garçon arrêta aussitôt, prit de court par la prise de parole soudaine. Une maison NON VIDE ?! Qui l'eut cru ? Ce qui était surprenant c'était que la maison habitée était faite de sucres en tout genre. Quoiqu'il en soit, le poids du remord tomba sur Kafei tel un manteau de nuit de pluie glacée.

Kafei : Ah heu... on... on ne savait pas que quelqu'un habitait ici ! V-vraiment désolés, on aurait pas dû !

Kaléidoscope réfléchit un instant. Où cacher le reste de fenêtre ? Elle engloutit la fin du cadre et avala le tout le plus rapidement possible.
Comment avait-elle fait pour louper la présence de quelqu'un ? Bon, elle n'avait vérifié que... Elle jeta un autre coup d'oeil au trou à la place de la fenêtre. Elle n'avait vérifié que la cuisine visiblement, et il était bien entendu possible que cette fille ait occupé une pièce différente. Mais la maison était éteinte tout de même !

Kaléidoscope : On ne pensait pas qu'elle était habitée, c'est vrai ! Sinon, croyez-nous, on serait certainement partis en courant après avoir croqué dans votre maison et arraché une des fenêtres !

La jeune femme ouvrit entièrement la porte et retira la capuche qui cachait sa belle chevelure. Elle avait de jolis cheveux châtains aux reflets prune, de magnifiques yeux bleus, et paraissait aussi innofensive et gentille qu'elle était malicieuse et dangereuse. Elle s'inclina.

Cléo : Je m'appelle Cléo, je vis ici seule depuis que mes parents sont décés...

Elle fit une petite mine nostalgique et entendit presque le coeur de Kaléidoscope se briser.

Cléo : J'imagine, à en juger par l'état de ma maison, que vous avez plutôt faim. Si vous le voulez, vous pouvez entrer ! Je suis toujours seule, j'aimerais avoir de la compagnie parfois.

Elle se dirigea vers Kaléidoscope et lui prit délicatement la main.

Cléo : Vous me raconterez comment vous êtes arrivés chez moi, devant un bon repas !

Elle la tira doucement, et Kaléidoscope la suivit docilement jusqu'à ce que Cléo soit face à Kafei. Pour elle, Kafei serait le plus facile à manipuler. Il semblait bien plus fragile que la fille. Elle lui tendit la main, lui adressant un sourire gêné.

Cléo : Vous n'allez pas me laisser seule et décliner mon invitation...n'est-ce pas...?

Kafei hésita. Déjà avoir commencé à manger la maison de la personne qui l'invitait était gênant. Mais qu'elle les invite même le fit tiquer un instant. Il restait sur la réserve.

Kafei : Vous êtes sûre qu'on ne dérange pas ? Non parce que après ce qu'on a fait...

Les dégâts étaient mineurs : un volet disparu et quelques morceaux de mur, même pas assez profondément prit pour qu'ils traversent jusqu'à l'autre côté.Mais pour Kafei c'était l'intention qui compte.

Cléo : Ce n'est pas grave. Vous aviez faim. Je pourrais tout réparer très vite ! Je vous l'assure. Et vous semblez si affamés, je me sentirais mal de vous chasser et vous laisser mourir de faim dans cette grande forêt...

Puis, elle prit un air peiné.

Cléo : Mais je comprends aussi que vous préfériez quitter au plus vite cet endroit... Personne ne souhaite rester avec une pauvre fille solitaire vivant seule dans la forêt... Des gens font même courir des rumeurs à mon sujet... C'est toujours très vexant, mais je ne peux leur en vouloir...

Elle essuya une petite larme qui coulait sur sa joue.

Kaléidoscope se sentait bien, là, avec cette gentille fille. Elle avait les mains très douces, et elle avait une très belle voix. Quand Cléo se mit à pleurer, Kaléidoscope fusilla Kafei du regard. Comment pouvait-il faire ça à une personne aussi adorable qui était prête à laisser passer leur erreur et les invitait même à manger ?!

Kaléidoscope : Veuillez excuser mon ami, il n'a aucun tact...

Kafei regarda Kaléidoscope avec un air désemparé. Il garda de côté la désormais vérité que le cerveau des filles descendait au niveau de l'estomac quand elle avait faim. Mais il fallait admettre que c'était franchement limite comme comportement.

Kafei : Veuillez m'excuser... ça nous ferait évidemment grand plaisir d'honorer votre invitation !

Comme pour appuyer ses propos, son estomac gargouilla.

Cléo releva le menton vers Kafei, ses yeux bleus un peu humides, et esquissa un petit sourire.

Cléo : Je pensais que vous seriez comme tous les autres. Mais non, je le savais. Vous, vous êtes différent.

Elle glissa sa main dans la sienne, et entraina doucement ses deux invités.

Cléo : Vennez, je vais vous faire visiter ma maison, et ensuite, je vous préparerai un bon repas pour vous remettre de vos émotions !

Elle commençait à se méfier du garçon. Sous ses airs de petit ange naïf, il semblait pas mal réfléchir. Oui, il fallait vraiment qu'il soit le premier, pour ne pas avoir le temps de voir clair dans son manège...

Instinctivement, la main de Kafei serra un peu plus fort celle de Cléo. Il était rentré dans une maison, une vraie depuis... depuis il ne sait plus quand mais il sentait que cela faisait un moment, et l'émotion le gagna un peu. Ses yeux firent le tour de chaque pièce.

Kafei : C'est dur de vivre dans une maison de sucreries ? Vous n'avez pas peur qu'avec la pluie elle fonde ?

Il se rappelait que le temps au dehors n'était pas ensoleillé avec 20 degrés de température et redoutait un peu les fuites d'eau en plein milieu de la nuit tout à coup.

Cléo : Vous connaissez la phrase "un magicien ne dévoile jamais ses secrets" ? Pour les pâtissiers de renom, c'est un peu la même chose. Mon père a construit cette maison lui-même, mais n'a jamais dévoilé à personne comment celle-ci faisait pour ne jamais s'user. Elle a quelque chose de spécial, un ingrédient secret, mais même moi suis incapable de vous dire quoi. Je suis vraiment désolée...

La réponse était tout simplement qu'avec ses pouvoir sil lui était facile de créer un sort pour protéger sa si jolie maisonnette. L'ingrédient, c'était la magie.

Cléo : Voilà, ici, c'est le hall. Si vous voulez laisser vos manteaux sur le porte-manteaux, je peux vous donner des couvertures sèches et bien chaudes, mais...elles sont en Barbe à Papa, c'est comme vous voulez... Ca peut être un peu gênant.

Elle retira sa cape et se retrouva vêtue d'une robe sombre, triste, déchirée. Elle sentit peser sur elle le regard de Kaléidoscope, qui semblait avoir pitié d'elle, la pauvre jeune fille orpheline.

Une couverture en barbe à papa ? C'était tout aussi original que la maison en tout cas. Est-ce que ça tiendra assez chaud ? Pour éviter toute bêtise, il jeta un coup d'oeil à Kaléidoscope pour voir ce qu'il en pensait. Apparemment elle était absorbée dans la contemplation des habits de leur hôtesse. Il se retourna vers Cléo avec un sourire timide.

Kafei : On veut bien essayer, merci.

Joignant la parole à l'action, il se délesta de sa propre veste.

Kaléidoscope sortit de ses pensées pour confirmer l'idée de Kafei et déposa à son tour son gilet. Cléo s'éclipsa un instant, le temps de monter à l'étage prendre les couvertures.

Kaléidoscope : Ce qu'elle est gentille ! La pauvre, elle vit seule, et il n'y a pas d'autres maisons dans les environs...

Il n'y avait aucune photo de famille, pensa Kaléidoscope. Elle devait toujours éprouver de la peine pour le décès de ses parents, sûrement, et les avait peut-être rangées.

Pendant un moment, Kafei resta un peu dans les nuages, mais la phrase de Kaléidoscope semblait lui avoir remit les pieds sur Terre. Pas de maison aux alentours ? Elle vit seule ? Plutôt étrange pour une enfant, normalement elle n'aurait pas pu survivre seule. D'autant qu'en regardant autour de lui, il n'y avait aucun portrait des dits parents. Le doute commença à s'installer. Sérieusement.

Kafei : Comment elle a pu vivre toute seule alors ?

Il avait chuchoté et parlé assez rapidement au cas où Cléo descendrait, pas directement à Kaléidoscope mais plutôt à lui même.

Kaléidoscope : Elle a certainement un jardin derrière la maison ! Non, parce qu'elle a dit qu'elle allait réparer la maison, alors, elle a de quoi cuisiner ! Et si tu manges et que tu peux boire, alors, tu peux vivre, non ?

Elle marcha à pas de loup jusqu'à la cuisine, et ouvrit le robinet de l'évier. Elle revient peu après dans le hall.

Kaléidoscope : Elle a bien de quoi boire. L'eau est aromatisée à la menthe.

Le regard de Kafei lança des éclairs, comme pour vouloir faire ouvrir les yeux à Kaléidoscope.

Kafei : T'en connais beaucoup des sources d'eau mentholée aux alentours ? C'est naturel ?

"Aux alentours" ? En réfléchissant il ne savait plus trop où il se trouvait, mais il restait persuadé dans le fond qu'il avait raison à ce sujet : de l'eau la menthe tout droit sortie du robinet c'est louche.

Kaléidoscope : Tu es toujours sur la défensive comme ça ? Pourquoi tu refuses d'admettre qu'ici, c'est génial, et qu'en attendant de repartir, on a eu de la chance de la rencontrer !?

Elle posa les mains sur les hanches et regardait Kafei d'un air réprobateur quand des pas retentirent dans les escaliers.

Cléo revint dans le hall avec de grosses couvertures et un radieux sourire.

Cléo : Désolée, j'ai si peu d'invités, je ne me rappellais plus où on les rangeait. Tennez~

Elle enroula Kaléidoscope dans l'une des couvertures, bien au chaud, et fut satisfaite de voir le sourire de bonheur qui pouvait se lire sur le visage de Kaléidoscope. Elle, c'était gagné d'avance. Elle lui proposa d'aller dans le salon en attendant que le repas cuise, et se tourna vers Kafei. Serrant le pled en Barbe à Papa restant, elle fit une moue un peu triste.

Cléo : Je ne vous force pas à rester, vous savez...

Elle passa la couverture dans le dos de Kafei, le regardant droit dans les yeux.

Cléo : Mais dehors, la nuit, cette forêt est effrayante. Restez au moins ce soir.

Elle enroula la couverture, et lui sourit.

Kafei soutint le regard de Cléo d'un air grave pour un moment qui semblait s'étirer sur une longue période alors que cela ne durait qu'une dizaine de secondes. Comme s'il essayait de scruter au plus profond de son âme, pour savoir quelles étaient ses réelles intentions. Mais comme il n'avait évidemment pas de pouvoirs magiques, il dût s'y résigner. Et ainsi en détournant le regard :

Kafei : Je pense qu'il vaut mieux aussi...

La couverture sur lui, il s'installa au salon à côté de Kaléidoscope.