Mission n°11 : Secrets

Le soleil se couchait lentement sur Nanjing. Le quartier Jiulong était bercé par le clapotis de l'eau de la fontaine de la plus grande maison. C'était une rue calme, habitée par l'élite de la capitale. De grandes maisons avec terrasse, statues, parfois même un bassin avec une petite cascade, bordaient une allée fleurie. Des grands arbres se dressaient le long du chemin menant au Temple Maao.

La plus grande maison appartenait au couple le plus critiqué du voisinage, bien qu'en ces temps troubles, personne n'osent le formuler à haute voix. Tout le monde avait bien noté l'autorité du mari sur sa douce épouse, la soumission de cette dernière et son renfermement. Très tôt le matin, Pâris partait à cheval pour rejoindre le palais de la Reine Vanille Thé. Cavalier et Capitaine de la Garde Royale de son statut, il était très respecté, mais surtout craint. Lillian était aussi effacée que son mari était mis en avant. Prêtresse du Temple Maao, elle travaillait au temple une partie de la semaine et méditait le reste du temps. Elle devait cependant être rentrée avant lui pour préparer le repas.

Ce jour-là cependant, Pâris ne revenait pas. Lillian attendait à la fenêtre, tapie dans l'ombre, évitant le regard des passants qui pointaient du doigt la villa et chuchottaient. Elle s'attendait à tout moment à entendre les sabot de Fanger, le fidèle destrier de Pâris. Mais rien. Le vent agitta le feuillage des peupliers. Peut-être serait-il encore une fois absent ? Parfois, il ne revenait pas avant quelques jours. Sans prévenir. Il disait que c'était à cause de son travail. Des complications. Mais les rumeurs allaient bon train sur une aventure qu'il aurait avec une autre femme...

Soudain, une jeune fille arriva en courant dans la rue et se retourna. Elle fit signe à quelqu'un de la suivre. Lillian quitta le salon et se rendit dans l'entrée. Elle hésita, puis entrebâilla a porte.

Kaléidoscope : KAFEI ! Dépêche-toi, ils ne vont sans doutes pas nous laisser partir comme ça !

La demoiselle semblait essouflée. Prenant son courage à deux mains, Lillian descendit dans son jardin et trotta, soulevant sa robe, vers le portail.

Lillian : Mademoiselle ? Puis-je vous aider ?

Kaléidoscope se tourna vers elle.

Kaléidoscope : Je... On... On est pressé, désolé. Nous sommes pourchassés par-
Lillian : Pourchassés ? Alors que la nuit tombe ? Vous semblez vraiment fatiguée. Si vous le souhaitez, vous pouvez rester chez moi, le temps que ça se calme au dehors. Vous pourrez partir ensuite par l'arrière : notre jardin donne exactement sur une route peu connue qui permet de quitter la ville.

Kaléidoscope interrogea Kafei du regard.

Kafei ne put s'empêcher de regarder plusieurs fois derrière eux, si leurs poursuivants les rattrapaient. Ils ne pouvaient pas les voir encore mais ils pouvaient les entendre au loin.

Kafei : Ca nous aiderait beaucoup... s'il vous plait...

Il était tout aussi essoufflé que Kaléidoscope et semblait paniqué. Non, il n'était pas habitué à se faire poursuivre.

Lillian sentit quelque chose d'étrange. Ces deux-là avaient quelque chose de spécial. Elle s'inclina poliment et s'écarta du chemin pour les laisser passer.
Le petit sentier de pierre était bordé de vastes parterres de fleurs toutes aussi colorées les unes que les autres.

Lillian : Je vous en prie, faites comme chez vous. Vous serez mes invités. On ne peut pas trouver plus sûr que la maison d'une prêtresse consacrée aux déesses !

Kaléidoscope la dévisagea et Lillian évita son regard. Qu'avait-elle dit de si spécial ?

Lorsque Kafei entra, il regarda autour de lui et s'éloigna le plus vite possible des fenêtres pour éviter d'être vu. Et il faut dire que la maison pouvait effectivement donner tout le confort qu'une haute position comme celle de prêtresse pouvait prétendre... Bien qu'il n'eut nullement l'intention d'en profiter. Echapper à leurs poursuivants était tout ce qu'il demandait.

Kafei : Vous... vous êtes la prêtresse de la ville alors ? Excusez nous, nous ne sommes pas du coin...

Lillian : Je suis en effet prêtresse au Temple Maao. Il est un peu plus loin, vers la sortie Est.

Elle referma la porte après Kaléidoscope et les invita à passer dans le salon.

Lillian : Nous nous consacrons aux prophéties, aux esprits, à l'interprétation des signes. Ce genre de choses. Je dis "nous", car nous sommes trois à être reconnues comme tel. Je ne suis pas seule. Il faut quand même rester objectif, et trois avis valent mieux qu'un.

Lillian se rendit à la cuisine et en ramena un plateau d'argent, présentant à ses invités divers biscuits.

Lillian : Puis-je vous servir du thé, ou autre chose ? Un peu de lait ?
Kaléidoscope : ...vous saviez qu'on allait passer ?

Lillian esquissa un sourire timide.

Lillian : Non. Je prépare toujours un goûter pour le retour de mon mari. Il semble un peu en ret-

Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase : la porte venait de claquer et un homme grognait dans l'entrée. Lillian perdit le peu de couleurs qu'elle avait aux joues.
Pâris entra dans le salon, furieux, dénouant avec énervement les lacets de sa cape.

Pâris : Du thé. Pas de sucre.

Dit-il sans même regarder son épouse.

Pâris : On a deux intrus qui se sont enfuis et-

Son regard se posa sur Lillian, puis alternativement sur Kaléidoscope qui venait de prendre un cookie et Kafei. Et ce n'était pas un regard aimable...

Kafei tint également dans sa main un biscuit qu'il s'apprêtait à manger. Mais la dégustation attendra, car lui et Kaléidoscope se trouvaient dans la maison de celui qui leur courrait après. Et ça ils venaient de l'apprendre.

Kafei : Bien sûr...

Le garçon attrapa le bras de son amie et s'excusa auprès de Lilian avant d'essayer de s'enfuir par le jardin comme elle a proposé.

Kafei : Merci de votre aide, désolé de ne pouvoir rester !

Pâris dégaina son épée et hurla d'une voix forte un "Un pas de plus et vous êtes morts !". Lillian regardait d'un air hébété son cher et tendre et ses invités.

Lillian : Qu-que se passe-t-il ? J'ai manqué quelque chose ?
Pâris : Ce qu'il se passe ?! TU ME DEMANDES CE QU'IL SE PASSE ? Ces intrus sont des voleurs, des criminels envoyés par Cléo Fae ! Ils ont saccagé la bibliothèque et un ordre de la reine circule demandant leur capture ! Voilà ce qu'il se passe, pauvre idiote !

Lillian sursauta légèrement en entendant l'insulte et baissa la tête, vexée.

Pâris : Vous deux, pas question de vous enfuir ainsi. Par les pouvoirs qui me sont accordés en tant que Capitaine de la Garde Royale de Vanille Thé, je vous arr-
Lillian : Ce sont mes invités.

Elle avait seulement murmuré pour elle-même ces pensées, mais releva la tête, plus pâle que jamais, et les répéta plus distinctement.

Lillian : Je leur ai promis qu'ils pourraient rester et s'enfuir... Et je tiendrai parole.

Kaléidoscope n'avait jamais vu des yeux aussi clairs que ceux de Lillian. Au début, elle avait pensé qu'elle était aveugle, mais ils étaient d'une douce couleur crème. A l'instant même où Pâris fit un pas vers elle, Lillian perdit toute la confiance qu'elle avait accumulée et ferma les yeux, les mains levée comme pour se protéger d'un coup à venir.

Pâris : Ici, sous mon toit. Jamais Lillian. La reine veut leur arrestation, ils seront donc fait prisonniers.
Lillian : ...ici tu es sur le territoire du Temple Maao et par conséquent, c'est mon jugement et mes décisions qui priment sur ton travail... Pâris. Leur ayant permis de se réfugier ici, les déesses n'approuveraient certainement pas que tu troubles mon choix...

Lillian savait que Pâris était aussi croyant qu'il était passionné par son métier. Il leva son épée. Lillian tremblait de tous ses membres. Il étouffa un cri, un grognement, planta son épée aux pieds de sa femme et quitta le salon en hâte, claquant la porte derrière lui. On l'entendit monter les escaliers pour rejoindre l'étage des chambres.

Kaléidoscope : ...m-merci mademoiselle.

Lillian tremblait encore, les larmes aux yeux, et s'effondra, en pleurs, sur le parquet fraîchement ciré.

Kafei garda des couleurs toutes aussi pâles et réussi à respirer pour la première fois depuis que Pâris eut élevé la voix.

Kafei : U-un très grand merci...

Mais il n'était toujours pas très rassuré, sachant le chef de la garde royale dans la même demeure...

Kafei : Désolé... on dirait qu'on vous cause beaucoup de souci en plus...

Lillian répondit entre deux sanglots.

Lillian : Non c'est... C'est pratiquement toujours ainsi...

Elle se releva et pris un mouchoir de tissus dans une armoire proche.

Lillian : Pâris et moi... nous avons... Nous nous entendons...

Elle se moucha et pris place dans un dans fauteuils de velours.

Lillian : C'est un mariage forcé... alors... disons que c'est normal qu'on ne s'entende pas très bien ? Oh, bien sûr, je fais de mon mieux pour qu'il m'apprécie, qu'il ne regrette pas cette union. J'ai appris à cuisiner, je suis une épouse modèle. Chaque jour je l'attends et je lui prépare son goûter, le souper, je lave la maison, je fais le lit... Je jardine aussi. ...mais rien n'y fait. Je pense qu'il aurait préféré n'importe quelle fille... sauf moi.
Kaléidoscope : ...je sais qu'on ne se marie pas tous par amour, mais les parents pourraient tout de même faire dans la compatibilité...

Lillian hésita, puis baissa d'un ton.

Lillian : Mes parents n'en savaient rien. Ils... j'ai été reniée. En fait, un jour, au temple... une armée est entrée. Des soldats. Que l'on n'avait jamais vu avant. Nous avons paniquée et deux prêtresses ont été tuées. Etant la plus douée, ils ont souhaité que je leur fasse une prédiction... Une histoire de porte. Mais je ne comprenais pas, j'avais tellement peur et... Finalement, son père l'a forcé à se marier avec moi... Ils attendent encore que je puisse leur donner des informations... Son père est un démon... Pâris et moi, nous n'avons jamais beaucoup parlé... Je n'ose jamais croiser son regard... Et le mariage n'a même pas été consumé, après 3 ans...

Les yeux de Kafei grossirent et il se prit la tête entre les mains avec un air catastrophé.

Kafei : C'est pas vrai, mais c'est pas vrai...

Il répéta cette phrase en boucle avant de remarquer que cela n'arrangerait rien à la situation.

Kafei : C'est une histoire bien triste. Cela expliquerait bien des choses d'un coup... Vous ne... pouvez rien y faire ?

Lillian avait fixé Kafei, encore plus triste qu'avant. Pour quelles raisons semblait-il si touché ? Si c'était vrai ! C'était sa triste vie à elle, celle qu'elle cachait aux voisins, à ses amies, et à quiconque. D'ailleurs, pourquoi leur en parlait-elle ? Peut-être parce qu'ils avaient subi eux aussi la colère de Pâris ? Oui, sans toutes.

Lillian : Non. Mais je vous promets que vous ne serez pas mêlé à cette histoire bien longtemps ! Je vous installerai dans la chambre d'ami, située au rez-de-chaussée. Demain matin à l'aube, je vous réveillerai et vous serez guidé par une connaissance jusqu'à la sortie de la ville.

Elle se concentra et un oiseau de lumière se matérialisa petit à petit sur la table du salon. Il picora une miette de biscuit, puis vint se poser sur le doigt tendu de Lillian. Kaléidoscope semblait admirative devant une si belle forme de magie.

Lillian : Tu sais quoi faire.

L'oiseau fila vers la fenêtre, traversa la vitre et disparu.

Lillian : En attendant, je vais vous laisser vous reposer, je dois encore surveiller mon repas... Ne vous en faites pas, la personne qui vous aideras demain à quitter Nanjing est adorable ! Un ange !

Sur ce, Lillian quitta la pièce, laissant les deux voyageurs entre eux.

Kafei lâcha un long soupir. De soulagement ? C'est encore trop tôt pour le dire à son avis, même si la maîtresse de maison semblait leur vouloir du bien, son mari était prêt à les arrêter...

Kafei : On a eu chaud... avoir des frissons en s'échappant ici c'était déjà assez, mais en avoir après que le chef de la garde royale rentre dans SA maison...

Epuisé par les émotions, il s'écroule sur une chaise.

Kafei : On a même rien fait de mal. ... globalement.

Kaléidoscope : Mmh... C'est son travail. Peut-on lui en vouloir d'obéir aveuglément à sa reine ?

Kaléidoscope pris un nouveau biscuit.

Kaléidoscope : Il a un regard effrayant, hein ? Tu as vu comment il la regarde... C'est la personne avec qui il s'est marié et il la... C'est comment chez vous, les relations entre Anges ?

L'Ange leva les yeux au plafond, l'air de réfléchir. Ca n'a jamais été facile pour lui de comparer avec les humains comme il ne les connait pas encore très bien.

Kafei : On est... bien plus... réservés ? Je crois que c'est le mot. Quand on montre de l'affection ou pas. Normalement si on me voyait avoir peur comme ça, je me ferais moquer par les autres. Je crois que venir ici m'a influencé. Je suis moi même plus calme normalement ! Mais... chez nous, une personne en froid avec une autre aurait plutôt tendance à éviter son regard.

Il frissonna en revoyant dans sa tête celui de Pâris...

Kafei : Le sien est terrifiant, savoir que c'est un Démon ne m'aide pas non plus...

Kaléidoscope : Je croyais que les démons n'existaient pas...

Elle croqua un morceau de gâteau et fixa le plateau.

Kaléidoscope : ...Remarque, je pensais aussi que les Anges n'étaient qu'un conte de fée et mon meilleur ami à présent en est un... Je ne sais plus trop ce que je dois croire... Mais ça me conforte en l'espoir que ce livre existe bel et bien ! ...Mais... j'ai aussi peur que tout ça soit signe que quelque chose se passe...

Elle termina son biscuit et retira ses chaussures -vieilles et usées par le temps, l'unique paire qu'elle avait- pour ramener ses genoux contre sa poitrine.

Kaléidoscope : Je ne sais pas exactement ce qui a tué ma famille... Mais des gens sont arrivés et ont tout dévasté. On dit à Cadurci que Dalarna est en proie aux Ténèbres... Est-ce que les Anges savent quelque chose que nous autres humains ignorons ?

Kafei commença à balancer ses pieds et les fixa.

Kafei : Non, à moins qu'on m’ait moi même menti, ou abstenu d'en parler. Enfin je sais qu'ils existaient, qu'on a fait la guerre contre eux il y a très longtemps. Mais je ne savais pas qu'ils revenaient. C'est pour ça qu'il faut que je rejoigne le Royaume des Anges au plus tôt.

Il leva sa tête et regarda le plafond avec un air déprimé.

Kafei : Je n'ai plus mes ailes, alors pour y retourner il faut retrouver la Porte du Paradis qui liait notre royaume aux terres humaines. Mais je ne sais pas où elle est, comment l'ouvrir... Elle peut être partout sur Pacifis. Si ça se trouve, cette maison est construite dessus et on ne le sait pas. L'autre solution c'est que un Ange qui a ses ailes vienne et reparte. Mais c'est très très rare, et il faudra en plus qu'il soit au courant de la situation...

Kaléidoscope : ...Mais alors...

Kaléidoscope sourit, se leva et pris les mains de Kafei dans les siennes.

Kaléidoscope : Kafei, c'est le destin qui nous a fait nous rencontrer ! Réfléchis ! Je cherche un livre, écris par les Déesses, qui raconterait le futur ! Ce livre nous dira peut-être où se trouve la porte que tu cherches ! C'est ça, c'est si logique ! Pourquoi un Ange sinon serait tombé sur mon chemin ? Kafei, ce n'est pas un hasard ! Ca veut dire que ce livre est bien réel et se trouve quelque part et que tu vas m'aider à le trouver ! Aussi vite, ce livre réagit en présence d'un Ange, un truc dans le genre ! Et c'est pour ça que les Déesses t'ont envoyé !

Kafei : B-ben moi je dirai que c'est mon examen loupé qui m'a amené ici...

En y réfléchissant, il avait vraiment une bonne fortune pour être tombée sur elle et pas sur quelqu'un qui serait indifférent à son "malheur", ou pire, directement sur un Démon...

Kafei : Mais je suppose oui... j'espère que ça nous aidera ! Parce que avec tout ce qu'on a à faire...

Kaléidoscope sourit. Elle avait bien plus d'espoir à présent de trouver son livre.

Kaléidoscope : On va faire un duo fantastique !

Puis une question lui vint. Kafei lui avait expliqué les réactions en temps de haine ou de rivalité... Mais...

Kaléidoscope : Et quand les Anges sont amoureux ? Vous faites comme les humains, où c'est aussi plus modéré ?

Kafei : Ben c'est... pareil. On ne le montre pas en public. Enfin moi je sais pas, mais j'ai jamais vu mes parents... même... s'embrasser. Je veux dire, je sais qu'ils le font, mais ils ne le feront même jamais devant moi. Ni les autres. La plupart des autres...

Son regard parcourra la pièce jusqu'à se poser sur la cuisine où se trouvait Lillian.

Kafei : Mais ça jamais, je n'ai jamais vu un regard pareil...

Kaléidoscope : Ce Pâris a un regard aussi inquiétant que celui de Lillian est doux et rassurant... J'ai de la peine pour elle Kafei... Imagine, elle doit vivre avec lui... Depuis des années.

Kaléidoscope suivit le regard de Kafei et un silence s'installa. Un silence qui fut de courte durée.

Kaléidoscope : KYAH !

Elle sauta sur les genoux de Kafei, évitant ainsi l'oiseau de lumière qui revenait et passa à travers la porte menant à la cuisine.

Kaléidoscope : C-c'était quoi ?!

Lillian revint vers eux, l'oiseau sur son épaule devant un peu plus pâle.

Lillian : Bonne nouvelle : votre guide accepte la mission de vous faire quitter la ville. Nous allons passer à table. Je vais prévenir Pâris...

Lillian monta les escaliers, un peu angoissée à l'idée d'être confrontée à son mari une nouvelle fois.

Kaléidoscope : ...

Kafei : ... c-c'est pratique comme moyen de communication n'empêche...

Kafei reposa doucement Kaléidoscope au sol, surprit à la fois par l'oiseau et par le fait qu'elle saute sur lui.

Kafei : Tu crois qu'on peut vraiment manger à table avec eux ? Je veux dire... on va provoquer une dispute rien qu'avec notre présence. Ils ne semblent pas en bons termes déjà avant...

Kaléidoscope : ...On va tenter d'apaiser les choses. On ne doit pas laisser Lillian se faire marcher sur les pieds, n'est-ce pas ?

Elle sursauta en entendant de lourds pas dans les escaliers : apparemment, la prêtresse avait réussi à déloger son "cher et tendre" qui rejoignait à son tour la cuisine, toujours énervé.

Kaléidoscope : ...Bonne chance.

Murmura-t-elle à son complice avant de se faufiler dans la cuisine et de prendre place à une longue table de bois drapée d'une nappe brodée de fils d'or. Lillian avait bien cuisiné un repas pour dix personnes ! Toute sorte de viandes recouvraient la table, présentée dans de large plats en argents massif, garni de pomme de terre, de sauce, de légumes...

Lillian : Ne connaissant pas vos goûts... J'ai pensé... Enfin, je me suis permise de... voilà.

Elle s'assit à son tour, face à Pâris qui pris place à l'autre extrémité.

Kafei inspira à fond et entra dans la cuisine pour s'asseoir finalement en face de Kaléidoscope. Oui, il avait l'intention de s'approcher de Pâris afin d'aider le couple comme l'a proposé son amie, mais il ne pu se résoudre à le faire.

Kafei : Merci pour le dîner de ce soir. Ca a l'air très bon !

Il fit une rapide prière silencieuse aux déesses avant de commencer à se servir.

Kafei : Après tout, ça serait dommage de gâcher, n'est-ce pas ?

Lillian lui sourit et Kaléidoscope entreprit elle aussi de remplir son assiette. Une première partie du repas se passa dans un silence poli. Lillian, aux petits soins de son époux, le servit en rôtis,en gratin, sans recevoir un seul remerciement en retour. Pâris semblait résigné à gâcher la soirée par son air maussade. Kaléidoscope s'était mise à complimenter la cuisinière, histoire de lui mettre du baume au cœur, ce qui semblait avoir son petit effet, puisque Lillian avait recouvré son sourire timide. Mais Pâris prenait toujours une moue indignée quand Kaléidoscope ou Kafei ne respectait pas la bien séance ou l'étiquette, il soufflait par le nez, levait les yeux au ciel, si bien que rapidement, Kaléidoscope se sentit mal à l'aise et se fit plus discrète.

Kaléidoscope : Puis-je me permettre de vous demander ce que vous nous avez concocté pour le dessert ?
Lillian : Oh, une recette simple. Du pain perdu. C'est le dessert favori de Pâris...je crois... Sa mè-

Pâris la fusilla du regard et la coupa d'un ton sec et froid.

Pâris : Mon dessert favori ? Une chose si quelconque que même les petits manants peuvent se payer ? Non, moi, je préfère de loin les Feinen. Tu devrais le savoir, bonne à rien...

Lillian parut gênée, et tripotta nerveusement son tablier.

Kaléidoscope : Les... feinen ?
Lillian : Ce sont de petites bouchées fourrées de litchi et d'amande, enrobée de sucre et de caramel gelé... Une spécialité d'une pâtisserie réputée...