Mission n°12 : Mi Ange, mi Démon ?

Mona le fixa. Elle comprit le double sens. Elle le fixa encore, bouche bée. Et chose improbable : elle se mit à rire. C'était un joli rire, plutôt discret, très féminin. Charmant. Les larmes aux yeux, elle réagit enfin verbalement.

Mona : Non, moi je pensais vraiment au meurtre pour ma farce, mais la confusion est trop belle ! Vous agissez toujours comme ça avec vos conquêtes ?

Miko : Eh bien, je dois avouer que peu d'entre elles ont de l'esprit comme toi ! Ou même du tempérament. Donc non, je ne peux pas m'amuser comme je le fais avec toi !

Il lui relâcha les mains doucement. Finalement tant mieux qu'il se soit trompé, il aurait détesté mal réagir !

Miko : Oh et puis... je pense que tu seras bien avec moi ! Et la reine aura toujours besoin de quelqu'un même si ce n'est pas pour des assassinats ! Il faudra juste apprendre à faire quelque chose d'autre entretemps !

Mona : Eh bien...

Elle se tourna à nouveau vers la vitre.

Mona : Puisqu'on n'est pas sûrs de notre avenir après la victoire... Si on disait que je garantie ta vie et toi la mienne ? On assure la sécurité l'un de l'autre peu importe les ordres de quiconque s'il est contraire à cela. Et on dortira de cette guerre riches, fiers et sains et saufs. Après, on pourra réfléchir, si tu veux ou non annuler l'alliance. D'ici la je serai sûrement devenue une démone.

Miko ne réfléchit pas longtemps aux conséquences de cette idée. Il sait déjà que si le plan se déroulait comme prévu, les Démons gagneraient. Mais avoir une infime chance de devoir leur désobéir ? Il aimait ce genre de pari. Tant qu'il gagnait à la fin...

Miko : C'est d'accord, moi j'accepte ! On se couvre l'un l'autre. Ca me botte... Maintenant que j'y pense, devenir démone, en plus des pouvoirs, ça te changera quoi ? Tu vas... changer, comme Cléo ?

Mona se tourna définitivement vers lui. Elle croisa son regard. Pouvait-elle vraiment lui faire confiance. Il le fallait.

Mona : Ce n'est pas que je veuille être une démone. Ma logique est que je souhaite être l'opposé des Anges. Les démons m'ont accueille et aidée. Leurs pouvoirs me fascinent et je sais que je serai plus forte. Je veux être démon car c'est pour moi le seul moyen de couper les ponts avec mes origines.

Elle baissa la tête, visiblement honteuse.

Mona : Et puis, on m'a toujours dit qu'il n'y avait que du mauvais en moi. Je leur apprendrai à parler ainsi à une petite fille...

Et c'est alors qu'elle raconta son histoire à Miko. Tout ce qui l'avait torturé quelques minutes auparavant. A la fin, les larmes l'avaient regagnée.

Mona : Voilà mon histoire. C'est ma preuve de confiance. Si tu veux me conter la tienne, histoire de contraster...

Miko inspira profondément et commença la sienne.

Miko : Aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours été doué dans les matières académiques, j'ai toujours été joueur, j'ai toujours aimé les filles... J'ai toujours été quelqu'un qui voulait et devait réussir par tout les moyens. Alors, je suis devenu très curieux. Et une fois à mes douze ans, j'ai... ouvert une porte que je n'aurai pas dû ouvrir.

Il se rongea un peu les ongles, comme gêné ou nerveux...

Miko : C'était la pièce où mes parents gardaient tout ce qu'il faut pour ramener les Enfers à Pacifis de nouveau. Je n'aurai dû le savoir qu'à ma majorité à la base. Mais finalement, ils m'ont tout fait voir à ce sujet et se sont dit, c'est pas plus mal tant que je ne suis pas entièrement développé. Ça reste quand même assez choquant voir des sacrifices à cet âge là...

Mona frissonna. Elle avait bu ses paroles, ne le quittant pas des yeux.

Mona : Des sacrifices ? Animaux ?

On aurait dit un enfant face à un conteur.

Miko : Disons presque tout le temps ça l'était...

Un petit flash souvenir le fit frissonner. Des images pas très ragoûtantes...

Miko : Enfin bref, à partir de ce moment, ils m'ont apprit la magie, surtout comment l'utiliser pour l'attaque, et après les potions. Je découvre encore des choses chez moi, mais certains trucs sont encore trop puissants et incontrôlables...

Mona posa sans s'en rendre compte ses mains sur celles de Miko.

Mona : Tu pourrais m'apprendre des choses ?

L'excitation se lisait dans ses yeux.

Mona : De la magie noire !

Miko haussa les sourcils d'excitation plusieurs fois.

Miko : Tu es donc déterminée ? Sûre sûre ? Ça ne sera pas du joli, c'est quelque chose d'interdit normalement.

Ce qui devait être un vrai avertissement ne semble pas aussi menaçant s'il se mettait à sourire comme il le faisait déjà.

Miko : Tous les sorts que je connais sont fait pour faire souffrir ou tuer. Ça donne un vrai sentiment de puissance, et donne envie de les utiliser quand on le peut...

Mona esquissa elle aussi un sourire. Celui qu'elle avait quand elle combattait, quand elle jouait avec des vies, parfois aussi avec la sienne. Celle de la tueuse, pas de l'Ange.

Mona : Tu crains que je ne sois trop fragile ? Ou peut-être n'as-tu pas confiance. Tu penses que je serais trop dangereuse ? Je pensais qu'on de faisait confiance depuis 15 minutes...

Sourire en coin, elle attendait sa réponse.

Miko : Si je ne te faisais pas confiance, je n'aurais pas accepté ce marché~ Ça m'enchante que tu sois enthousiaste à ce sujet tu sais ! Peu de personnes peuvent se targuer de pouvoir maîtriser cette magie particulière ! Par contre, je préfère encore prévenir avant, elle est aussi plus usante que les autres que tu puisses connaître !

Il affaissa dans sa place de train et la scruta au fond des yeux.

Miko : ... on pourrait dire que ça fait de toi un... Ange de la Mort ?

Mona : C'est deja le surnom que mes semblables me donnent.

Elle detourna le regard.

Mona : Sommes-nous bientôt arrivés ?

Miko tourna sa tête vers la fenêtre pour un instant, et revint vers Mona.

Miko : Ça ne saurait tarder, si tu regarde dehors derrière les dunes de sable on voit d ela lumière, eh bien c'est juste là ! C'est assez petit, forcément comparé à la capitale, moins de monde dans les rues le soir aussi donc tu n'auras pas à t'en faire à propos des gens ! Et le restaurant auquel je pense est vraiment tranquille aussi. Oh, mais d'abord on va passer au magasin d'armes comme tu l'avais demandé !

Mona le regarda un court instant.

Mona : Je faisais de l'humour quand je parlais d'un cadeau de noces. Enfin pas de noces mais d'un homme à sa femme...

Mona se colla un peu à la vitre pour guetter leur arrivée.

Miko : Pas moi ! Et puis ce sera un cadeau utile en plus ! Si jamais tu trouves autre chose en plus n'hésite pas !

Le train entra en gare peu de temps après. La différence avec la capitale se faisait sentir : il n'y avait qu'un seul quai et quasiment personne qui attendait. Miko se leva et sortit du wagon en s'étirant.

Miko : Cela doit faire quelques mois que je ne suis plus passé par ici... Ici le paysage ne change pas trop comparé à Méhallet si on part un petit moment. C'est plus pratique pour se retrouver quand il n'y a pas de travaux partout !

Mona : Tu donnes rendez-vous à beaucoup de gens ici ?

Elle regardait instinctivement chaque inconnu, ses bagages, ses armes, de peur qu'un ennemi l'ai suivie. Elle savait que les Anges avaient sans doutes découvert la mort de Margatelle à présent.

Mona : Des filles le plus souvent j'imagine. Comment vous faites, vous, les séducteurs ? Tu as des techniques, des phrases idiotes qui marchent à chaque fois ?

Miko : Des phrases préparées ? Non ça c'est pour les débutants. Ils se remarquent parce que des répliques comme ça, il n'y en a qu'une poignée et que souvent lorsqu'ils sont dans des situations qu'ils ne sont pas familiers, ils se font avoir.

Il prit un bras de Mona avec le sien.

Miko : Mais si j'avais quelque chose du genre à dire là, ça serait... "Il fait froid ce soir n'est-ce pas ? Permettez ma chère que je vous tienne plus chaud comme ça~".

Mona dégagea son bras et releva la tête avec fierté.

Mona : Ce genre de trucs ne fonctionne qu'avec des idiotes. Rien ne marcherait avec moi, je trouve ca grotesque, immature, grossier, et les gens qui séduisent parce qu'ils aiment ça, comme tu l'as dit, être le centre d'attention des femmes, je les trouvent pathétiques.

Miko : Pathétique ? C'est vrai, on peut le sentir comme ça. Mais vois-tu, c'est un peu comme la magie noire. On apprend à s'en servir, et puis on veut le faire de plus en plus... C'est de la vanité et de l'orgueil oui ! Après tout, on aime sentir le regard des femmes. Savoir qu'on puisse leur faire plaisir. Mais aussi faire ce qu'on veut avec elles ! C'est un pouvoir très différent de la magie noire, mais il est toute aussi enivrant et puissant~

Explique-t-il avec son plus beau sourire.

Mona trembla.

Mona : C'est pire encore développé comme ça ! C'est de la manipulation, c'est dégoûtant ! Tu penses que ce sont quoi ? Des objets décoratifs ? Des trophées ?

Mona n'avait jamais regardé personne avec autant de dégoût. Et il osait comparer ça à la magie noire ? Peut-être devait-elle reculer ?

Miko : Je ne tiens pas de comptes de mes conquêtes non. C'est vrai que je me sers de mes charmes pour mon plaisir, mais comme ça j'ai aussi des contacts bien placés que je ne saurais avoir dans le monde de la diplomatie. Et des fois-celle-ci me permettent d'influencer ceux-là~

Il haussa les épaules, comme si cette explication était naturelle.

Miko : C'est très utile pour ce que je suis ! Et si toi même tu t'y mettais tu sauras ce que c'est que ce frisson quand on séduit ! C'est dommage d'ailleurs, tu es vraiment belle ça serait une arme très puissante entre tes mains...

Mona : Un, je suis une arme de guerre, pas une poupée en porcelaine. Deux, j'aurais honte de faire ça. Et trois : si tu continues de te moquer de moi comme ça je vais t'apprendre à voler, tu verras c'est sympa~

Elle savait qu'elle n'était pas jolie. Elle le pensait en tout cas. Pour elle jolie rimait avec maquillage, jolies robes et belle coiffure.

Miko : Reprenons... de un, c'est une arme très puissante si on sait s'en servir, comme je t'ai dit ça permet d'avoir de l'influence. De deux, si c'est de la gêne, ne t'en fais pas, ça partira quand tu seras habituée. De trois...

Miko lui reprit le bras en souriant.

Miko : ... je pense vraiment que tu te sous-estimes~ Tu devrais te regarder dans une glace !

Mona essaya de s'en défaire de nouveau.

Mona : Tu dis ça pour ne pas me vexer parce que j'ai un dragon. Tais - toi.

Elle le poussa un peu et pressa légèrement le pas.