Mission n°12 : Mi Ange, mi Démon ?

Mona détourna le regard et fit semblant de profiter du paysage. Elle pouvait peut-être au moins profiter de l'invitation, non ? Elle avait faim, il l'invitait, ce n'était qu'une forme de politesse. Et puis, après tout, mieux valait mettre les choses au point.

Mona : Je pense que je préfère la cuisine traditionnelle. Rien de trop vantard... et avec une ambiance calme et discrète. Je n'ai pas envie de m'afficher...

Alors qu'ils marchaient dans la rue, elle ne remarquait pas que bon nombre d'hommes la lorgnaient avec envie. Certains cependant avaient vite remarqué la tête de mort à sa main droite. D'autres avaient les yeux rivé bien trop loin de sa main pour comprendre le danger s'ils osaient approcher. Mais ils ne tenteraient rien.

Miko avait par contre remarqué ces regards et cela ne lui plaisait pas pour plusieurs raisons. C'est pour cela qu'il fixa ces passants un peu trop curieux avec un regard qui lançait des éclairs, ce qui marchait car ceux-ci détournaient les leurs. Le jeune homme étant assez connu en ville, personne n'osa l'affronter.

Miko : Tu veux toujours dîner en dehors de la ville, ou quelque chose du coin irait ? Dans les deux cas j'ai des idées je te rassure.

Mona : Je ne sais pas... Je préfèrerai éviter le centre en tout cas. Je pensais p-

Un homme d'une trentaine d'années se posa devant elle, la faisant légèrement sursauter. Il posa sa main sur l'épaule de Mona, et à la vue du regard assassin qui assombrit le visage de la demoiselle, il aurait du en rester là...

Homme : Dites donc, vous êtes drôlement-

Personne ne su ce qu'était Mona : l'homme fut repoussé par un champ invisible et alla s'écraser contre un mur et retomba lourdement sur le sol, inconscient. Sans même regarder les spectateurs, Mona se permit une petite vérification.

Mona : Quelqu'un d'autre veut intervenir et me couper la parole ? Non ?

La fumée verte qui s'échappait à présent du crâne fit fuir certains, les autres se réfugiant dans leurs maisons.

Mona : Je disais donc que je pensais plutôt à la sortie de la ville. Si possible. Demain, j'ai...

Comment pouvait-on appeler un meurtre sur commande ?

Mona : Une course à faire.

Miko hocha la tête d'un air compréhensif.

Miko : C'est normal, c'est comme ça quand on est très prise... dans ce cas, je te propose de prendre le train pour aller dans une des villes des alentours, pas trop loin mais pas non plus trop proche de la capitale ! Ce qu'il y a de bien, c'est que je connais du monde alors on aura un endroit où dormir sans être dérangés...

Se tournant vers l'homme inconscient qui a voulu draguer Mona.

Miko : Une prière pour lui aussi ou... ?

Mona : J'avoue que je m'inquiétais. Je... si je dois payer un loyer, je le ferai. Mais si on va si loin, je ne pense pas pouvoir revenir à pied, à moins de ne pas dormir...

Elle esquissa un petit sourire.

Mona : Si ça ne vous dérange pas de m'accompagner, puis de me raccompagner, alors je vous suis.

Miko ferma sa veste et reprit son ton de séducteur si irritant et si attachant à la fois.

Miko : Eh bien, je dois avouer que comme les trains ne circulent plus à partir d'une certaine heure, il y aura de bonnes chances que nous terminions la soirée ensemble là bas. Et à juste titre, comme c'est moi qui invite, je paierais la chambre et le dîner, d'autant plus que tu n'avais pas prévu de sortir ce soir et...

Il prit quelques secondes pour regarder Mona de haut en bas, l'analyser mais sans la déshabiller du regard.

Miko : ... tu passes chez toi te changer d'abord ou... ?

Mona rougit. Il devait penser qu'elle était mal habillée pour dire ça. Il était vrai qu'elle portait toujours sa cape et la tenue noire et discrète utile pour ses missions. Mais ce soir, si elle était invité au restaurant, ne devait-elle pas éviter de lui faire honte ? Et puis, elle n'était pas en mission. Elle hésita quand même : elle n'avait pas de belles robes comme toutes ces filles de la ville.

Mona : Je vais me changer. On se retrouve à la Grand Place. ...excusez-moi !

Elle partit en courant et grimpa dans son hôtel. Elle fouilla son armoire et un habit attira son attention : sa robe de cavalière de l'Armée Noire, mais aussi celle que Cléo lui avait fait faire, en lin et soie noirs brodé de fil d'or. Son choix était fait.
Devant sa glace, elle tira un peu sur la robe qui lui paraissait d'un coup plus courte. Quand elle attaquait, elle ne s'en souciait guère. Elle enfila un poncho noir et quitta l'hôtel avant de rejoindre Miko sur la place. Au dernier moment, elle pensa à sa coiffure et décida de lâcher ses cheveux qui retombèrent en de belles mèches ondulées brunes sur ses épaules.

Mona : Désolée d'avoir été longue.

Miko ne s'attendait pas à un changement aussi drastique. Et alors qu'il tournait sa tête d'un air intéressé, lorsqu'il vit la nouvelle tenue de Mona ses yeux s'élargirent. Elle avait parlé d'un salaire assez minable et ne s'imaginait pas une tenue aussi classe pour une sortie. Sa mine stupéfaite se changea en moue approbative.

Miko : Avec ça, aucun restaurant ne refusera notre entrée... jolie tenue ! Tu aurais pu me dire que tu étais noble~

Mona le fusilla du regard.

Mona : Sa Majesté la Reine m'a offert ce cadeau lors de mon entrée dans son cercle privé. C'est un cadeau.

Elle baissa la tête, vexée.

Mona : Je suis normale, juste normale. Si vous voulez juste une fille de bonne famille pour vous accompagner et vous ouvrir les portes, allez donc chercher dans les quartiers chics...

Miko : Pardon ? Ah mais ce n'était pas ironique ! Je demandais pour de vrai, regarde...

Il s'approcha de Mona et prit un bout d'une manche entre son pouce et son index.

Miko : C'est un tissu qu'on ne trouve que parmi les boutiques les plus chères de Pacifis, sans compter que les dorures sont faites d'or véritable. La bourgeoisie n'aurait jamais les moyens de se le payer...

Puis il la regarda dans les yeux et sourit.

Miko : Les trois-quart des filles "de bonne famille" comme tu dis tueraient pour avoir cette tenue. Je ne plaisante pas, c'est de la haute couture pour de l'aristocratie... Si Cléo t'a donné ceci en cadeau c'est qu'elle t'estime beaucoup.

Mona le fixa, bouche bée, puis baissa les yeux vers la manche.

Mona : Vraiment ?

Elle pensa à Cléo. Cléo l'apprécierait donc ? Cette idée lui plut et elle sourit sans s'en rendre compte. Sans savoir pourquoi, elle se sentait concerné par ce qu'il se passait autour de la reine et le fait qu'on lui souligne un lien spécial, passant par ce cadeau vestimentaire, la rendait heureuse. Cléo la trouvait peut-être spéciale ?

Mona : Vous en savez des choses. Pour moi, c'est du tissus...

Elle releva les yeux : ils étaient d'une couleur oscillant entre noisette et vert clair. Elle n'avait pas perdu son sourire.

Mona : Je pense que je peux dire "tu" aussi ?

Miko : Bien sûr, j'attendais ce moment avec impatience !

La fixant pendant quelques secondes , il ne peut s'empêcher de lui sourire en retour.

Miko : Et les habits ne font pas tout, en plus de la classe naturelle tu es très belle quand tu souris ! C'est dommage que tu ne le fasses pas aussi souvent ! ... du peu de temps qu'on se connait je veux dire.

Le sourire de Mona disparut, elle détourna le regard.

Mona : ...vous- Tu sais donc où prendre le train ? Je n'y suis jamais allée.

Elle se tint bien droite, la tête haute.

Mona : Vous voyagez beaucoup ?

Miko : La gare n'est pas loin. En fait, on a de la chance car Suhaj a plusieurs gares même ! La ville est très grande et les trains partent dans un peu toutes les directions, alors ils étaient obligés de faire comme ça.

Il commença à marcher en pointant le bâtiment qui est juste au bout de la rue.

Miko : Je voyage pas mal en effet, je dirais trois jours dans la semaine en moyenne. Des fois je reste plus longtemps ici et d'autres j'ai à faire à l'autre bout de Pacifis.

Mona : Donc vous- ...Désolée, j'ai du mal à passer au tutoiement... Tu n'as pas de vie stable, pas de pied à terre...

Elle lui emboîta le pas, joignant ses mains. Elle se demandais si le train était cher, si c'était rapide, et surtout : où allaient-ils ?

Mona : Ça doit être facile pour ne pas s'attacher aux gens, je t'envie un peu... Des fois, j'aimerais en oublier certains. Ou même oublier des passages entiers de ma vie...

Miko : Hm, j'ai toujours la maison familiale ici mais je n'y réside que rarement depuis l'invasion je dois avouer. Je suis demandé un peu partout, c'est difficile de rester plus de deux-trois jours au même endroit. Sinon, oui, il y aurait plus de chance que je reste dans la capitale même. Et crois moi...

Une fois au bout de la rue, il ouvrit la porte de la gare et la tint pour permettre à Mona d'entrer.

Miko : On n'oublie jamais son ancienne vie. J'ai gardé quelques traits dont j'aimerai me débarrasser, comme... être joueur ?

Appréciant le geste, Mona le gratifia d'un sourire timide et gêné.
Que voulait-il dire par "joueur" ?

Mona : Joueur, v- tu dis ? Comme ces personnes qui vont parier leur argent sur des choses stupides ? Ou jouent à la roulette ?

Elle admira secrètement la gare : c'était un bien joli bâtiment, reflétant la splendeur de la cité.

Miko se rapprocha un peu de Mona, assez pour lui parler à l'oreille sans avoir spécialement à chuchoter, mais assez pour qu'aucun curieux ne puisse entendre ce qu'il a à dire.

Miko : Précisément. L'argent me facilite bien la vie, et étant assez sociable je n'ai de problèmes avec personne. Alors pour, disons, pimenter ma vie, je m'autorise quelques petits défis. Des paris, les jeux de casino... ou des objectifs que je me fixe, parfois avec des handicaps. Tu vois comme ça peut devenir un problème dans ma position comme ambassadeur officieux...

Mona n'avait pas tout écouté...Généralement, les garçons ne l'intéressaient pas. Aussi, quand elle en voyait un, éprouvait-elle un certain dégoût. Elle les trouvait faibles, pathétiques... Peut-être était-ce parce qu'ils étaient mariés que son esprit lui jouait un mauvais tour ? Il avait parlé d'argent et de casino, et puis elle s'était un peu perdu dans ses yeux...

Mona : Ou-oui, je comprends. Moi, je ne peux pas jouer, j'imagine que lorsque l'on est riche, c'est plus facile de gaspiller son temps et son argent...

Mona toussa et chercha quelque chose des yeux.

Mona : Donc, où sont écrits les départs ?

Miko mit du temps à répondre car il encaissa le coup et l'encaissa assez mal...

Miko : *Parler de paris à quelqu'un qui ne peut pas se le permettre... bien joué, elle doit te détester maintenant...*

C'est avec un sourire figé qu'il s'efforça de parler à Mona.

Miko : Les départs ? Les départs... oui, ils sont gravés sur une plaque près du mur de gauche, c'est la première ! Celle à droite est pour les arrivées. Nous allons à Lien-Kahri donc le train ne devrait plus tarder, je dirait encore cinq minutes d'attente...

Mona : Bien. Merci.

Mona s'assit sur un banc de pierre, droite, fière, malgré sa gêne. Elle tira un peu sur sa robe et détourna le regard. Elle ne s'attendait pas à ce que se comporter comme une dame soit difficile. Mais faire bonne impression était plus compliqué que prévu. Elle pensa à Cléo qui devait toujours faire cet effort : se retenir, penser à ce que l'on va dire... Mais elle ne put s'empêcher de dévisager un jeune homme qui venait d'entrer : son épée était si belle, si fine, elle semblait si légère...

Mona : ...Ouah...

Sans s'en rendre compte elle l'avait murmuré.

Miko soupira et resta face à la plaque des départs en regardant Mona s'asseoir sur le banc.

Miko : *D'accord on a fait des progrès, mais j'ai pas l'impression d'avoir encore brisé la glace avec elle, elle est pas très décontractée avec moi et ça se sent. On est sensés être mariés non ? C'est même elle qui était au courant d'abord... Aaaah, si c'était avec une autre fille on serait déjà en train de... eh ?*

Un regard sur le visage de Mona et il comprit qu'elle matait le jeune homme qui venait de rentrer. Même s'il n'est pas habitué à être en couple, Miko ne peut s'empêcher de sentir la jalousie monter en lui...

Mona se leva, ne tenant plus et alla s'entretenir avec le garçon. Ils parlèrent quelques minutes. Elle finit par sourire. Un sourire qui le fit rougir. Elle le remercia et courut ensuite vers Miko.

Mona : Je m'excuse, le train devrait bientôt partir... mais son épée... Il l'a eu dans la ville où nous allons ! Il paraît qu'il y a un très bon magasin d'armement et d'armures ! S'il... s'il-vous-plaît, m'y conduiriez-vous là-bas ? Je voudrai juste... les voir. Un peu. Cette épée était si bien forgée, taillée... incrustée parfaitement et gravée avec soin... Dites-oui...

Miko : Une... quoi ? Une épée ?

Intrigué, il se tourna vers le jeune homme pour regarder son arme à ses côtés. Effectivement, ce dernier avait une bien belle épée. C'est là qu'il réalisa que Mona s'était intéressée juste à l'arme et non pas au garçon !

Miko : Cette épée oui ! On passera à ce magasin quand on y sera ! Tu t'intéresses aux armes donc... ?

Un peu honteuse, elle baissa la tête.

Mona : Plutôt... Mon...

Elle s'approcha un peu plus, comme lui plus tôt, pour que seul Miko l'entende.

Mona : Mon arme est un crâne qui peut changer de forme et prendre celle de l'arme voulue. Mais pour une bonne qualité, il ne faut pas juste copier, mais absorber l'arme. Et mon bijou la rend encore meilleure ! Mais pour ça, tu vois, il  me faut une arme de base ! Pour l'instant, mon crâne peut se transformer en... vingt-quatre armes je crois, si ma mémoire est exacte. J'en suis assez fière.

Elle avait relevé la tête, ses yeux brillaient et son sourire était aussi expressif que celui d'une petite fille devant un magasin de friandises.

Mona : Vous êtes doué avec les potions, n'est-ce pas ? Avez-vous d'autres spécialités en combat ?